medieval.org
Harmonia Mundi HM 977 (LP)
1977
A
1. Prologue. Porque trobar [7:18]
contre-ténor, vièle, guitare mauresque
2. CSM 2. Muito devemos varoes [4:58]
contre-ténor, baryton, vièle, guitare mauresque,
tympanon, chirimia gigante, zarb, crotales
3. CSM 30. Muito valuera máis [7:09]
soprano, crotales
B
1. CSM 264. Pois äos seus que ama [6:35]
soprano, flûte à bec, guitare mauresque, zarb
2.
CSM 5. [instr., Quenas
coitas deste mundo] [2:08]
vielle à roue
CSM 59. [instr., Quena Virgen
ben servir] [1:36]
vielle à roue, carillon
3. CSM 47. Virgen Santa Maria, guárda-nos [3:14]
baryiton, contre-ténor, bombarde, zarb, tabor
4. CSM 322. [instr., A Virgen,
que de Deus madre] [2:32]
vièle, zarb, hochet
5. CSM 37. [instr., Miragres
fremosos] [2:22]
flûte de berger, zarb
CLEMENCIC CONSORT
René Clemencic
Pilar Figueras, soprano
Zeger Vandersteene, contre-ténor
Pedro Liendo, baryiton
René Zosso, vielle à roue
Djamchid Chemirani, zarb
René Clemencic, flûte à bec, flûte de
berger, crotales, hochet
Michael Dittrich, vièles
Alfred Hertel, chirimía gigante (chalumeau géant)
bombarde
András Kecskès, guitare mauresque
Johann Krasser, tympanon, carillon, tabor
fuentes:
Escorial Ms. J.b.2 / Escorial T.j.1 / Toledo, Catedral caj. 103, num. 23
Enregistrement Harmonia Mundi, Novembre 1976
Prise de son et montage: Alberto Paulin
Illustration. Cantigas de Santa Maria, Ms. Escorial b-1-2. fol. 125
1118, f. 111
Maquette: Relations
Distribuït per EDIGSA, Barcelona/1979
[Los instrumentos y la instrumentación son los que aparecen en
la trasera del LP de Edigsa.
Es curioso que chirimía gigante se liste en español.
En medieval.org el listado de instrumentos más bien parece ser
el de la colección completa.
El hochet (CSM 322), instrumento de
percusión, no se asigna a nadie en el listado de intérpretes.
En medieval.org aparecen como hochetistas R. Clemencic y
Frantisek Pok (este no aparece en el LP).]
Le codex «El Escorial j.b.2» de la deuxième
moitié du 13ème siècle contient plus de 400
chansons mariales. Il constitue le plus important recueil de monodies
non liturgiques du 13ème siècle. «Ce codex, connu
sous le nom de «Codex princeps» est le seul à
contenir tout le répertoire des Cantigas de Santa Maria. Il peut
être considéré comme le plus important codex
musical de la monodie courtoise de l'Europe médiévale
grâce à son contenu et sa notation mensurale très
élaborée. Si l'Espagne' ne nous avait pas transmis
d'autres documents musicaux, par ce seul codex elle figurerait parmi
les premières nations musicales des temps anciens». (H.
Angles). Deux autres codex du 13ème siècle (de l'Escorial
et de Tolède) nous transmettent une partie du répertoire
des Cantigas. Un autre manuscrit, conservé à Florence,
provenant aussi de la cour d'Alphonse le Sage, mais contenant seulement
les textes sans leurs mélodies, est remarquable par ses
miniatures splendides.
C'est Alphonse le Sage, roi de Castille, aussi appelé
l'Astronome, qui fit recueillir ces chansons mariales. Une partie des
poésies et des mélodies sont de sa propre inspiration,
les autres ont été créées par les
poètes et les musiciens de sa cour. Il n'est pas impossible non
plus que des textes nouveaux aient été adaptés aux
mélodies déjà existantes, comme c'était
l'usage de l'époque.
Alphonse le Sage, fils de Ferdinand III, le Saint, est né a
Tolède en 1223. Entre 1242 et 1244, il conquiert Murcia pour la
Castille et en 1252 il est couronné roi de Castille et de
Léon.
A sa cour il s'entoure de nombreux savants. On lui doit un recueil de
lois (Las siete partidas); il est à l'origine de
l'historiographie espagnole, il fit traduire l'Ancien Testament en
espagnol, et dans le domaine de l'astronomie on lui doit des
améliorations dès cartes planétaires
ptolémaïques. Mais avant tout il avait une
prédilection pour la poésie et la musique. Des
Troubadours et Jongleurs, hommes et femmes, (ju[g]lares et
ju[g]laresas), séjournaient à sa cour, espagnols mais
aussi chrétiens, arabes et juifs. Il témoignait un grand
intérêt pour l'art des Troubadours. Guiraut Riquier passa
par exemple dix années de sa vie (1269-1279) à sa cour.
Une vingtaine de Troubadours lui ont dédié des chansons.
Les Troubadours tenaient un rang plus élevé que les
jongleurs qui étaient de simples interprètes.
Dans le prologue des Cantigas, le roi prie la belle dame Marie de bien
vouloir reconnaître en lui son Troubadour. Au moyen-âge la
frontière entre sacre et profane fut parfois très floue.
Nous pouvons encore ressentir aujourd'hui le côté mystique
de l'amour, moins cependant l'aspect érotique du sacré.
La langue des Cantigas est le Galicien, proche du Portugais, qui
était la langue poétique de prédilection à
la cour d'Alphonse le Sage. La plupart des Cantigas (Cantiga
était à l'époque le terme général
pour des chansons sacrées et profanes) ont un contenu narratif
et décrivent de façon légendaire la force
bienfaisante de la mère de Dieu. Certaines légendes ont
un caractère très local, voire personnel. Nous en
retrouvons dans des formes similaires dans d'autres recueils de
miracles de l'époque. Marie, qui succède aux fées,
héritant même littéralement de leur apparence et de
leurs gestes, est considérée comme protectrice
suprême dans toutes les situations de la vie. Aucun
péché n'est trop grand, -rien n'est trop banal, quand on
l'appelle au secours avec la bonne manière et au bon moment,
mais elle sait aussi, si nécessaire, venger et punir.
A l'époque la relation de l'homme avec l'au-delà
était plus directe, plus naïve. Il était
persuadé que les anciens dieux, c. à d. les fées
et les esprits, intervenaient dans la vie quotidienne de manière
bénéfique ou maléfique. Les Cantigas non
narratives, à part le prologue, qui est
très personnel, sont appelées Cantigas de Loor,
c'est à dire des louanges à la vierge céleste.
Le ton des Cantigas est aimable et populaire, et devient plus hymnique
dans les Cantigas de Loor. Musicalement nous trouvons des
influences liturgiques à côté de chants et de
danses populaires, ou de la musique des Troubadours. Les
mélodies sont souvent d'une beauté bouleversante, le
rythme d'une force frappante.
Les chansons à refrains (proches du Virelais français)
dominent. Le début du refrain est volontiers utilisé
comme fin de strophe. Les musicologues ne sont pas encore d'accord
quant à la part d'influence arabe dans ces compositions. Les
influences juives et berbères ont été
généralement admises. Mais il n'y a pas de doute que les
sonorités originales, la technique d'exécution
subissaient une très forte influence arabe. A la cour d'Alphonse
le Sage séjournaient autant de musiciens arabes que de
chrétiens qui apportaient avec leurs instruments, leur technique
d'exécution. Selon plusieurs témoignages, même les
femmes chantaient, jouaient et dansaient, parfois dans les
églises au son des Cantigas sacrées.
Que les Cantigas de Santa Maria lui aient tenu particulièrement
à cœur, cela est prouvé par la disposition
testamentaire d'Alphonse le Sage demandant que le recueil soit
légué à l'église qui accueillerait sa
sépulture.
Nous mettons avant les cantigas narratives des versions instrumentales
d'autres Cantigas, puisqu'il était aussi l'usage à
l'époque d'interpréter des chansons de façon
purement instrumentale. Les miniatures du codex princeps nous montrent
un nombre invraisemblable d'instruments de l'époque (plus de 30
instruments différents: cornemuse, orgue portatif, flûtes,
chalémie, instruments à cordes pincées,
percussions etc.) jouées par des musiciens chrétiens,
juifs et arabes.
Dr. René CLEMENCIC