Jacobus / ensemble Cum Jubilo
chants de Compostelle 12ème siècle






DPT5 - CJ1 - CC
2009







CUM JUBILO présente ici des incontournables du Codex Calixtinus de Saint-Jacques de Compostelle ainsi que quelques raretés, souvent inédites.






1. Kyrie cunctipotens genitor Deus   [3:36]   cc 111
Kyrie monodique du graduel | Organum trope de Kyrie de Maître Gautier de Châteaurenard
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Catherine Ravenne, contralto

2. Jam vos delectat   [0:35]   cc 34
Antienne invitatoire du 8e ton. [Psaume Dominus regnavit] / Fête de Saint Jacques
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Camille Merckx, mezzo-soprano

3. Alma perpetui luminis   [1:32]   cc 24
Antienne du 6e ton. [Psaume Nunc dimittis]
Fêtes du martyre de Saint Jacques et de la translation des reliques
solo : Angélique Greuter, soprano

4. Congaudeant catholici   [1:54]   cc 96
Hymne - Conduit à 3 voix. Trope de Benedicamus de Maître Albert de Paris
Transcription : Catherine Ravenne

5. Nimis honorati sunt   [2:49]   cc 66
Répons du 1er ton / Messe pour la vigile de Saint Jacques
solo : Camille Merckx, mezzo-soprano | Catherine Ravenne, contralto

6. Alleluia vocavit Jesus   [4:18]   cc 110   /   cc 65
Organum de Maître Gosselin, évêque de Soissons
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Angélique Greuter, soprano | Catherine Ravenne, contralto

7. Iacobe virginei   [2:05]   cc 50
Répons du 8e ton d'Aton de Troyes
Fêtes du martyre de Saint Jacques et de la translation des reliques
solo : Claire Geoffrey-Dechaume, mezzo-soprano | Catherine Ravenne, contralto

8. Salvator progressus   [2:34]   cc 40
Répons du ler ton / Fêtes du martyre de Saint Jacques et de la translation s reliques
solo : Camille Merckx, mezzo-soprano | Catherine Ravenne, contralto

9. lacobe sancte   [1:54]   cc 100
Conduit à 2 voix de l'ancien évêque du Bénévent
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Catherine Heugel, soprano | Catherine Ravenne, contralto

10. Misit Herodes   [2:26]   cc 72
Répons du 5e ton. Messe de Saint Jacques
solo : Catherine Heugel, soprano | Camille Merckx, mezzo-soprano

11. Ad superni regis decus   [2:40]   cc 98
Conduit à 2 voix. Trope de Benedicamus de Maître Alberic, archevêque de Bourges
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Angélique Greuter, soprano | Catherine Ravenne, contralto

12. Certe dum filii Zebedei   [4:12]   cc 68
Offertoire du 7e ton / Messe pour la vigile de Saint Jacques
solo : Camille Merckx, mezzo-soprano

13. Portum in ultimo   [2:22]   cc 107
Prose à 2 voix de Maître Aton, évêque de Troyes
Transcription : Catherine Ravenne — solo : Angélique Greuter, soprano | Catherine Ravenne, contralto

14. Dum pater familias   [2:42]   cc 117
Chant de pèlerins
Transcription : Catherine Ravenne






Ensemble CUM JUBILO
Direction artistique Catherine Ravenne
Angélique GREUTER — soprano / solo : 3. 6. 11. 13.
Catherine HEUGEL — soprano / solo : 9. 10.
Claire GEOFFROY-DECHAUME — mezzo-soprano / solo : 7.
Camille MERCKX — mezzo-soprano / solo : 2. 5. 8. 10. 12.
Catherine RAVENNE — contralto / solo : 1. 5. 6. 7. 8. 9. 11. 13.




L'Ensemble CUM JUBILO, créé par Catherine Ravenne, a commencé ses activités en 2005, avec l'idée de retrouver au travers des manuscrits les plus anciens, d'après la notation neumatique d'origine, l'élan et l'inspiration qui ont pu donner vie à ces chants qui sont à l'origine de toute notre musique occidentale. Cum jubilo a très vite défini des choix d'interprétation liés à l'importance de la notion de jubilation, au respect des textes et des accents de la langue latine, en optant pour un plain-chant non mesuré et une interprétation libre du contrepoint, donc pour un style vivant, phrasé et dynamique.

Ensemble CUM JUBILO, created by Catherine Ravenne, started its activities in 2005, in the idea to find a way to recreate these chants which are at the origin of all occidental music, looking forward to find the impulse and inspiration which generated them through the most ancient manuscripts and through the original notation in "neumes". Cum Jubilo very soon defined a kind of interpretation in relation with the importance of jubilation, closely respecting the texts and the accents of Latin language, choosing free interpretation for plain chant and counterpoint, therefore a lively, dynamic style.





Sources :
- Travaux de W.M. WHITEHILL et G. PRADO : « Liber Sancti Jacobi : Codex Calixtinus, Santiago tle Compostela » fac-similé et transcriptions.
- José LÓPEZ CALO : « La música medieval en Galicia ».
- Bernard GICQUEL : « La légende de Compostelle, le livre de Saint Jacques » (Taillandier).
- Alain GUERRY : « De libro Sancti Jacobi ».
- Les messes de Saint Jacques : édition du CIRMA, Moissac.


Direction artistique, montage et design : Dimitri Tchesnokov
Prise de son : Mathieu Martinez
Enregistrement à l’Église Évangélique Allemande de Paris en avril 2009

Photo du Codex Calixtinus :
Copyright © Cabildo de la Catedral de Santiago de Compostela - Derechos reservados.
Prohibida la reproducción total o parcial. Edición autorizada núm 33/2008.







English liner notes







Le Codex Calixtinus s'intitulait effectivement « Iacobus » sur le 1er folio, avant de devenir plus tard « Liber sancti Jacobi ».
Ce très riche manuscrit fut retrouvé en 1886 à la Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle et depuis lors entièrement restauré et abondamment étudié. Il n'a probablement pas encore livré tous ses secrets ; le nom du Pape Calixte y est omniprésent mais il est maintenant avéré que celui-ci n'en est pas l'auteur.
Il aurait été rédigé aux alentours de 1140 et de nombreux éléments donnent à penser qu'il est d'origine française - Cluny et Vézelay.

Il est composé de 5 livres :
- Le 1er livre est à teneur liturgique ; sermons, homélies et les chants des offices et des messes pour les Fêtes de Saint Jacques - 24 juillet (vigile) et 25 juillet : jour de la passion (suivi de l'octave) ; 3 octobre fêté des miracles ; 30 décembre fête de la translation et de l'élection (suivi de l'octave).
- Le 2e livre raconte les miracles de Saint Jacques.
- Le 3e livre fait le récit de la translation des reliques de Saint Jacques jusqu'à Compostelle.
- Le 4e livre est consacré à l'histoire de Charlemagne et Roland.
- Le 5e livre consiste dans le fameux « Guide du pélerin », attribué à Aymeric Picaud, moine de Parthenay.
On y trouve en appendice une vingtaine de chants polyphoniques - dont une bonne dizaine d'organa, - sans doute les plus anciennes pièces polyphoniques qui soient parvenues jusqu'à nous ; ils représentent donc une référence irremplaçable pour la polyphonie primitive.
Si les chants monodiques du 1er livre sont presque tous anonymes, les auteurs des polyphonies sont mentionnés : il s'agit essentiellement d'évêques français, certains très anciens comme Venance Fortunat ou Fulbert de Chartres, d'autres plus récents comme Aton de Troyes, d'autres moins connus comme Albert de Paris.


Le plain-chant : antiennes et leurs psaumes, répons attachés aux lectures, offertoire, kyrie, alleluia. Ils racontent tour à tour l'histoire de Jacques et de son frére Jean, leur rencontre avec Jésus (Salvator progressus), Jesus leur donnant le nom de Boanerges-fils du tonnerre (Alleluia vocavit Iesus), l'épisode de la conversion du magicien Hermogene (Iacobe virginei), sa vocation au martyre (Jam vos delectat, Certe dum), son martyre ordonné par Hérode Agrippa (Misit Herodes). L'antienne Alma perpetui luminis et le répons Nimis honorati sunt sont des invocations a la gloire de Saint Jacques. Ces chants, composés selon le système des modes anciens (octoecho), souvent enrichis de mélismes, se montrent d'une exceptionnelle beauté mélodique.


Les polyphonies : presque toutes à 2 voix, ce sont des tropes - inventions musicales et/ou textuelles :
D'une part celles issues d'une monodie ; celle-ci se retrouve chantée à la voix inférieure (cantus firmus), accompagnée d'une voix supérieure très virtuose composée postérieurement : on parle alors d'organum « fleuri » (Alleluia vocavit et Kyrie cunctipotens genitor Deus).
D'autre part celles composées directement pour deux voix en contrepoint (déchant), en jouant sur les mouvements contraires et les croisements entre les voix (Iacobe sancte, Portum in ultimo et Ad superni),
La notation, extrémement lisible, ne permet cependant pas toujours de définir avec précision l'accord entre les voix, ni le rythme, surtout dans les pièces comportant des mélismes. On peut donc trouver des différences sensibles d'une transcription à une autre.

Il faut souligner la présence d'une pièce tout à fait étonnante : le fameux Congaudeant catholici, première polyphonie à 3 voix connue de notre musique occidentale. De fait il apparaît sur le manuscrit qu'une 3e voix aurait été ajoutée postérieurement, l'écriture contrapuntique restant un peu incertaine, surtout dans le refrain.

Cette partie polyphonique du 5, livre du manuscrit demeure exceptionnelle par sa rareté et sa précocité et offre un très grand intérêt musical. Toutes ces pièces témoignent d'une extraordinaire virtuosité vocale. Elles demeurent primitives dans leurs consonances de quintes et d'octaves mais surprennent par le jeu subtil et inventif du contrepoint, allant souvent jusqu'à la dissonance.

Quant au chant des pèlerins, Dum pater familias, la toute dernière pièce du manuscrit, il est écrit dans une notation différente, « a canto aperto » (sans lignes). Là aussi les versions divergent selon les transcripteurs. Ce qui est important dans ce chant, c'est la citation du « Herru Sanctiagu » véritable témoignage parvenu jusqu'à nous de l'esprit qui animait les pèlerins, de la ferveur et de l'espoir qui les poussaient sur ces routes de Compostelle, longues, difficiles et souvent dangereuses...

Catherine Ravenne








Codex Calixtinus was actually entitled "Iacobus" on first folio before becoming "Liber Sancti Jacobi" later on This quite rich manuscript was found again in 1886 at Saint James's Cathedral in Compostela and since then has been entirely restored and quite often studied. Now then there remain many secrets inside it; Pope Calixtus's name is a recurrent reference but it is now sure that he was not the author. It was probably written about 1140 and a number of elements indicate that it came from France - Cluny and Vézelay.

It is composed of five books:
- Book 1 is liturgical - sermons, homilies and plain chanttto be sung in church services and masses for the feasts of Saint James: July 24th 25th (and octave), the Feast of the Passion of Saint James - October 3rd, the Feast of the miracles - December 30th, the Feast of the Translation and Election of St James (and octave).
- Book 2 relates the miracles of St James.
- Book 3 tells about the transferring of St James's reliques.
- Book 4 is a history of Charlemagne and Roland.
- Book 5 contains the famous "Pilgrim's Guide" attributed to Aymeric Picaud, a monk from Parthenay in western France. At the end of Book 5 we can find very interesting addenda containing twenty polyphonic settings, probably the most ancient polyphonic pieces having got up to our time : they represent an irreplaceable reference for early polyphony. While most of the monodic chants of Book 1 are anonymous, the authors of polyphonies are mentioned : essentially French bishops, some of them very ancient as Venance Fortunat and Fulbert de Chartres, others more recent as Aton de Troyes, others less known as Albert de Paris.


Plain chant : hymns, antiphons-psalms, responsoria-lectures, offertory, kyrie, alleluia. They relate James's story with his brother John, their meeting with Jesus (Salvator progressus), Jesus giving them the name of Boanerges-sons of thunder (Alleluia vocavit Iesus), the episode of his converting the magician Hermogene (Iacobe virginei), his vocation to martyrdom (Jam vos delectat, Certe durn filii Zebedei), his martyrdom ordered by Herod Agrippa (Misit Herodes). The hymn Alma perpetui luminis and responsorium Nimis honorati sunt are invocations.

These chants composed according to ancient modes (octoecho), often enriched with melisms, reveal exceptional melodic beauty.



Polyphonic pieces : they are tropes - musical and/or textual inventions. We can find two kinds of polyphonies:
- on one hand pieces based on a melody which is to be heard in the lower voice (cantus firmus), accompanied by a superior voice that was composed later on, showing great virtuosity : this is the type of "florid organum" (Kyrie cunctipotens genitor, Alleluia vocavit).
- on the other hand pieces directly composed for two voices in counterpoint (discantus), playing on opposite movements and crossings between the voices (Jacobe sancta, Portum in ultimo, Ad superni Regis decus). Notation is quite legible but does not always precise neither which notes may coincide in the different voices, nor the rhythm, above all in melismatic pieces. Thus important differences can be found in the different transcriptions. We have to point on a very special piece: the famous Congaudeant catholici which has been considered until now as the very first polyphonic piece scored for three voices in occidental music. In fact it appears that a third voice would have been probably added later. The setting of counterpoint shows rather uncertain, above all in the chorus. Therefore this polyphonic section in Book 5 of the manuscript is quite exceptional for its rarity and earliness, showing great musical interest. All of these pieces display extraordinary vocal virtuosity. They often sound primitive with the fifth and octave consonances as well as surprising by the subtle and inventive playing of counterpoint, dissonant at many times.

As to the pilgrim chant Dum pater familias, which is the last piece of the manuscript, the notation is a different one, "a canto aperto" (without any lines). So here too we can find very divergent transcriptions. We have a rather important section in Dum pater, "Herru Sanctiagu...", a genuine account having got to us, showing pilgrims' spirit : fervour and hope were leading them on the long, hard, dangerous routes of Compostela...

Catherine Ravenne