La Domna Savorousa / Ensemble in Cortezia
Chants d'amour des troubadours et des trouvères





medieval.org
jean-michel-deliers.com
inCor 2

2005








1. S'anc fui bèla ni presada   [6:13]   CADENET, début XIIIe s., Paris BNF ms fr 22543
Chanson d'aube, mettant traditionnellement en scène le guetteur, ami complice des amoureux.
voix (PC), guimbarde, rote

2. Por coi me bait mes maris   [2:05]   Anonyme / Guillaume de MACHAUT
La mélodie de cette ballette (chanson à danser), peut-être à l'origine une chanson populaire, est tirée d'un motet de Guillaume de Machaut.
percussions, vielle à roue, voix (PC)

3. Avant hier en un vert pré   [5:13]   Anonyme, XIIIe s., Paris, Bibl. de l'Arsenal ms 5198
Celle pastourelle emprunte sa mélodie à une chanson du trouvère Jehan ERARS, chanson jouée en prélude dans un arrangement aux cordes pincées.
harpe, rote, psaltérion, voix (DZ, PC), chalumeau

4. Lasse pour quoi refusai   [5:56]   Anonyme, Paris, Bibl. de l'Arsenal ms 5198
Chanson de femme qui, de façon inhabituelle pour une chanson d'ami, se reproche la dureté dont elle a fait preuve envers son amant.
orgue portatif, chalumeau, voix (PC)

5. L'autrier jost' una sebissa   [4:39]   MARCABRU, XIIe s., Paris BNF ms fr 22543
Célèbre chanson d'un célèbre troubadour, prototype de la pastourelle occitane.
vielle à roue, flûte à bec, rebec, voix (DZ, PC)

6.   [6:50]
Pensamen ai e consir · Peire Raimon de TOLOSA, XIIIe s., Florence, Plut, 29.1voix (PC), crwth, cornemuse
Deduc Syoncornemuse, chalémie, crwth, percussion
Poéme sans musique notée, qui emprunte ici sa mélodie au conduit  Fas et nefas ambulant  CB 19
de Gauthier de CHÂTILLON, suivi du conduit instrumental  Deduc Syon  CB 34 .

7. E dame jolie   [3:25]   Virelai anonyme, XIIIe s., Montpellier, Fac. de médecine, ms H 196
vielle à roue, voix (JMD), flûte traversière

8. Tierche estampie reale   [4:04]   Anonyme, XIIIe s., Paris, BNF ms fr 844 · Pièce instrumentale française.
guitare sarrasine, flûte traversière, vièle à archet, vielle à roue

9. Au renouvel du tens   [6:34]   Anonyme, XIIIe s., Paris, Bibl. de l'Arsenal ms 5198
Insolite débat d'amour entre deux femmes aux idéaux pour le moins contraires.
tympanon, flûte traversière, rebec, voix (PC), chalémie, percussion

10.   [4:19]
Veris ad imperia · Conduit de l'École Notre-Dame, XIIIe s., Florence, Plut, 29.1flûte à bec, voix (PC), chalumeau, orgue portatif
A l'entrada del tens clar · Anonyme, XIIe s., BNF ms fr 20050voix (tous), percussions
Deux pièces de printemps : la première est une polyphonie savante en latin, la seconde, son modèle mélodique, une chanson à danser en occitan ancien.

11. A chantar m'èr de ço qu'eu non volria   [6:28]   Comtesse de DIE, fin XIIe s., Paris, BNF ms fr 844
Chanson de trobairitz, attribuée à Béatrice de Die.
psaltérion, rote, voix (PC)

12. L’autrier a l’ajornéemotet sur la teneur DOMINO  [3:00]
Anonyme, XIIIe s., Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, ms Helmstedt 1099 et 628
Après la chanson, monodique, la mélodie est jouée au chalumeau dans une polyphonie à trois voix (motet sur la teneur DOMINO).
flûte à bec, vièle à archet, voix (DZ), chalumeau, orgue portatif

13. La Manfredina   [3:43]   Danse italienne anonyme du XIVe siècle, Londres, British Museum, ms Add 29987.
cornemuse, vièle à archet, percussion

14. Tuit cil qui sunt enamourat   [4:10]   Anonyme, XIIIe s., Montpellier, Fac. de médecine, ms H 196
Une des trois voix de ce motet, construit sur la teneur VERITATEM, est un rondet de carole, prétexte à une balerie finale.
chalumeau, vièle à archet, hautbois à capsule, voix (PC), vielle à roue









in Cortezia

Pascale Costantini: chant soliste, vièle à archet, rebec
Jean-Michel Deliers: vielle à roue, cornemuses, flûte, chalumeau, tympanon, psaltérion
Denis Zaidman: flûtes à bec et traversières, chalémie, hautbois à capsule, rote, orgue portatif
Jean-Luc Lenoir: harpe médiévale, guitare sarrasine, crwth

Arrangements et instrumentation : ensemble in Cortezia

Enregistrement : Septembre 2003, église Saint-Pierre de Piolenc (Vaucluse),
Prise de son et montage : Jean Michel Deliers









La lyrique courtoise, "inventée" par les troubadours dès la tin du XIème siècle, est un art poétique et musical d'une telle ampleur qu'il va rayonner en l'espace d'un siècle sur toute l'Europe du Moyen Age. À la suite de ces "auteurs-compositeurs" de langue d'oc, les trouvères du Nord de la France, les Minnesänger et les poètes ibériques apporteront, eux aussi, leur contribution à un édifice sans précédent dans l'histoire littéraire et musicale.

Cette forme poétique, toute d'élégance et de raffinement, s'articule essentiellement autour du Joi, de la Fin'amor, de l'Amour Courtois, autrement dit de la "Cortezia", en opposition affichée à la grossièreté supposée du rustre, vilain au sens premier.

Le plus souvent châtelain, seigneur, prince, ou même roi, le "poète-trouveur" n'interprète que très rarement ses propres œuvres. C'est au ménestrel, au jongleur, qu'échoit cette tâche. C'est lui qui va transmettre ce répertoire de province en province, à travers toute l'Europe, de la cour des Grands de ce monde aux publics les plus populaires, mêlant ainsi dans une parfaite synthèse, sans autre but que celui de plaire et de divertir, ce que nous appellerions aujourd'hui musique savante et musique populaire.

C'est dans cet esprit que nous avons composé le programme de ce premier disque. Faisant une large part à ces grands chants courtois, œuvres des troubadours et des trouvères par excellence, nous proposons également, en contrepoint, des chansons d'un registre plus léger et popularisant, des pièces instrumentales, et quelques "moments" polyphoniques en rapport étroit avec l'un ou l'autre de ces chants. Nous avons à cœur, ici comme au concert, de donner de ce répertoire séculaire une lecture actuelle, en y insufflant, de façon délibérée, la vivacité et le tempérament d'une interprétation contemporaine destinée à un auditoire d'aujourd'hui.