12 x 12 - A Musical Zodiac / Capilla Flamenca · Het Collectief
Karlheinz STOCKHAUSEN (1928-2007). Tierkreis (1975)
Ars Nova & Ars Subtilior (14th c.)




capilla.be
allmusic.com
ET'CETERA KTC 4042

2012






Karlheinz STOCKHAUSEN. Tierkreis

Ars Nova & Ars Subtilior

1. Wasserman · Aquarius (Uranus) [2:29]

2. Adieu vous di  [4:27]  Anonymous

3. Fische · Pisces (Jupiter, Neptunus) [3:18]

4. De ce fol penser  [3:50]  Pierre des MOLINS | Codex Faenza

5. Widder · Aries (Mars) [2:31]

6. Deduto sey  [3:00]  Johannes CICONIA

7. Stier · Taurus (Venus) [5:37]

8. De toutes flours  [2:22]  Guillaume de MACHAUT

9. Zwillinge · Gemini (Mercurius) [0:35]

10. Plasanche, or tost  [1:31]  Nicolaas PYKINI

11. Krebs · Cancer (Mond) [3:22]

12. Nigra est~Se fus d'amer~D'ardent desir  [2:39]  Anonymous

13. Lawe · Leo (Sonne) [3:11]

14. Aquila Altera~Creature Gentile~Uccel di Dio  [2:47]   Jacopo da BOLOGNA

15. Jungfrau · Virgo (Mercurius) [1:57]

16. Tres bonne et belle  [2:31]   Guillaume de MACHAUT

17. Waage · Libra (Venus)  [3:35]

18. J'ay grant désespoir de ma vie  [4:19]   Anonymous | Codex Reina

19. Skorpion · Scorpia (Mars, Pluto) [1:44]

20. Le basile  [4:21]  SOLAGE

21. Schütze · Sagitarius (Jupiter) [3:35]

22. Comes Flandriae~Rector creatorum~In cimbalis  [1:56]  Anonymous

23. Steinbock · Capricorn (Saturnus)  [5:41]

24. Apollinis eclipsatur~Zodiacum signis~In omnem terram  [4:54]   Bernard de CLUNY






Capilla Flamenca
Marnix De Cat, altus · countertenor & artistiek concept 
Tore Denys, tenor 
Lieven Termont, baritonans · baritone
Dirk Snellings, bassus · bass 
Jan Van Outryve, luit · lute
Liam Fennelly, vedel · vielle
Patrick Denecker, blokfluiten · recorders

Het Collectief
Wibert Aerts, viool · violin
Martijn Vink, cello
Toon Fret, fluit · flutes
Benjamin Dieltjens, klarinet · clarinets
Thomas Dieltjens, piano & artistieke leiding



producer: Yannick Wiliox - www.acousticrecordingservice.be
editing and mastering: Benjamin Dieltjens
recorded: Campus of the Arts “deSingel”, Antwerp October 2010
concept and artistic direction: Capilla Flamenca & Het Collectief
producer klara: Koen Uvin
producers etcetera: Paul Janse, Amienke Wytzes
cover & booklet design: Roman Jans, www.romanontwerp.nl
cover photography: Rina Rubens, www.natuur-dichtbij.eu
Photo Capilla Flamenca & Het Collectief: © Miel Pieters


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English liner notes



C'est en 1975 que Stockhausen compose douze pièces sur chacun des signes du zodiaque. Ces douze mélodies, composées au départ pour douze boîtes à musique, étaient une des composantes instrumentales d'une autre œuvre, Musik im Bauch, qui incluait également six percussionnistes et un dispositif d'amplification. Ce n'est que plus tard que Stockhausen décide de réutiliser ces douze pièces pour en faire une œuvre autonome et, pour l'occasion, d'en éditer une partition portant le titre de Tierkreis.

Voici ce que nous dit Stockhausen à propos de cette œuvre qui est, si on en croit les statistiques, l'une des plus jouées du compositeur allemand:

«Tierkreis est un cycle de formules musicales pour les douze mois de l'année et les douze types d'êtres humains, permettant d'innombrables versions. La version la plus longue que j'en aie jamais réalisée jusqu'à présent est la composition Sirius pour soprano, basse, trompette, clarinette basse, et musique électronique (1975-77) qui dure 96 minutes. Que chacun se retrouve dans son signe du zodiaque!»

Het Collectief et Capilla Flamenca nous proposent donc ici une nouvelle version. Baptisée «12x12 », elle présente, parmi le panel des versions déjà réalisées, une caractéristique qui lui confère une originalité toute particulière. En effet, les musiques de Stockhausen se voient prolongées, complétées, voire même commentées de manière audacieuse, mais aussi magistralement réussie, par des œuvres du XIVe siècle et plus précisément de la période dite Ars Nova. La confrontation, mais aussi, à certains égards, la symbiose de ces deux univers radicalement opposés plonge l'auditeur, et ce dès les premières minutes de musique, dans un univers poétique tout â fait singulier.

Mais la poésie dont nous parlons ici n'est pas seulement due à l'association de ces deux univers musicaux distants de six siècles. La réalisation riche, raffinée et intelligente des douze signes du zodiaque par les deux ensembles, ainsi que la très belle interprétation des musiques de G. de Machaut, de Cluny, Ciconia et autres anonymes du XlVe, y contribue, elle aussi, grandement.

Pour comprendre ce «12x12», il nous faut dire quelques mots du projet global de cet enregistrement ainsi que du projet compositionnel de Stockhausen. C'est, en partie, grâce à la thématique du zodiaque qu'une grande unité se dégage. Le choix des pièces issues de l'ars nova ainsi que leurs alternances, voire à certains moments leurs interpénétrations mûrement réfléchies, avec les mélodies de Stockhausen ainsi que la répartition de celles-ci sur la globalité du spectacle, est également source d'unité et de cohésion. Nous pensons par exemple à ces moments, où l'ensemble Capilla Flamenca vient créer des incises de musique ancienne l'intérieur du déroulement temporel des pièces de Stockhausen, créant de la sorte une discontinuité du discours en rapport direct avec le signe zodiacal traité, ou encore lorsque l'ensemble de musique «ancienne» s'associe, voire même s'empare, de la musique «moderne». Ce tissage et l'effet qui en résulte sont tout remarquables. Le projet de Stockhausen, qui, nous l'avons dit, propose de créer sa propre version du Tierkreis, est, lui aussi, porteur d'unité. En effet, pouvant agir directement sur le texte, l'ensemble Het Collectief peut faire pencher la musique de Stockhausen vers des gestes musicaux faisant référence à la musique ancienne. Une autre caractéristique de la pièce de Stockhausen est que la pensée musicale est véritablement contaminée par les propriétés des différents signes zodiacaux. Là aussi, en fonction de la compréhension du texte musical, les musiciens peuvent puiser des idées qu'ils peuvent manipuler librement et amener là où ils le souhaitent. C'est parfois le pictogramme représentant le signe qui conditionne l'idée musicale. A d'autres moments, ce sont les traits de caractère associés aux signes qui génèrent les idées musicales. Le signe de la Vierge, associé habituellement à la rationalité et parfois aux mathématiques, nous en donne un bon exemple avec l'utilisation par Stockhausen de la suite de Fibonacci. C'est du reste ce paramètre que l'ensemble Het Collectief va traiter de manière prononcée dans l'arrangement de ce signe et, entre autres, par des accents énergiques joués par la clarinette basse.

Mais parfois ce sont les deux dimensions, le pictogramme et les traits de caractère associés aux signes, qui conduisent l'écriture - le signe de la Balance est à cet égard tout à fait remarquable tout comme celui des Poissons, signe double, qui est composé à deux voix - montrant ainsi l'aspect de la double personnalité souvent associée à ce signe. Bref, les protagonistes de ce 12x12 ont été chercher leur musique dans une étude minutieuse du texte, et ce, à l'image même de la composition de Stockhausen qui a réalisé lui-même une étude très précise de tous les aspects touchants à l'astrologie et les a glissés tantôt de manière claire, tantôt de manière plus masquée dans le texte musical.

Et c'est sans doute ici, à la lumière de ce que le texte original nous enseigne, que cette nouvelle version du Tierkreis est vraiment impressionnante. Les deux ensembles ne se sont pas contentés d'un arrangement intuitif, mais ont vraiment été chercher la substantifique moelle de l’œuvre pour la transcender au travers de leur «recomposition».

L'espace qui nous est consacré ici ne nous permet pas de mettre au jour toutes les subtilités de cet enregistrement, mais quelques moments nous ont particulièrement frappé.

Tout d'abord le tout début de l’œuvre où la boîte à musique du signe du Verseau se fait entendre seule avant d'être rejointe par des accords chantés par Capilla Flamenca suivi par l'ensemble Het Collectief qui entre sur la pointe des pieds en faisant entendre des bribes de mélodie au piano et ensuite à la flûte. Très belle et humble entrée en matière où le texte de Stockhausen dans sa virginité absolue semble vouloir inviter les musiciens à le rejoindre.

Lorsque le signe du Lion se fait entendre à mi-chemin de cet enregistrement et que tous les protagonistes chantent sa mélodie «martiale» à l'unisson, on peut le comprendre, à la première écoute, comme un grand geste rhétorique particulièrement convaincant articulant la forme globale, mais aussi comme un hommage au compositeur du Tierkreis lui-même natif du signe du Lion.

Ce qui frappe à l'audition du signe de la Balance, c'est d'abord la grande poésie engendrée par la mélodie jouée par la flûte à bec accompagnée d'un simple bourdon. La musique de ce signe, jouée intégralement par Capilla Flamenca, semble vouloir hésiter, et c'est bien là une des caractéristiques de ce signe, entre la modernité du texte de Stockhausen et l'univers de la musique ancienne. La composante harmonique de la mélodie de ce signe est elle aussi mise en évidence par l'arrangement qui nous est proposé ici. Et, en effet, comment ne pas prendre en considération ce paramètre - l'harmonie - alors que dans la majorité des traités d'astrologie, c'est un des mots qui revient de manière permanente pour les natifs de la Balance.

Le début du signe du Scorpion est perçu comme une nouvelle articulation dans la forme. La violence de ces premiers instants tranche de manière impressionnante avec la musique anonyme «J'ay grant désespoir de ma vie». Ici aussi, ce sont les traits de caractère associés au signe qui engendrent le climat général. Voici, à titre d'exemple, deux phrases relevées dans un ouvrage d'astrologie, qui peuvent éclairer le propos de la musique: «Il (le scorpion) se défend contre les attaques avec une grande agressivité» «Il est son plus grand ennemi et son émotivité peut le submerger sans qu'il parvienne à la canaliser». La flûte piccolo qui ponctue la musique en tentant de donner des coups de dard est, nous semble-t-il, plus qu'éloquente.

Nous pourrions multiplier les exemples qui montrent combien la lecture du texte par les deux ensembles réunis ici est d'une grande pertinence musicale et en parfaite adéquation avec le propos général. Non seulement les idées musicales sont originales et magnifiquement exécutées, mais elles sont aussi directement liées, déduites, du texte original proposé. Il ne s'agit donc pas, comme on l'entend souvent, d'une simple instrumentation, mais bien d'une réécriture tenant compte d'une vraie réflexion analytique. Nul doute qu'avec ce nouvel enregistrement, les deux ensembles laisseront une version marquante de la célèbre pièce de Stockhausen et que celui-ci laissera une trace auprès de ceux qui, sans doute encore nombreux, la revisiteront à l'avenir.

Jean-Marie Rens






Elise Simoens bij de première van het concert in het Concertgebouw te Brugge

Twaalf musici van twee op het eerste gezicht niet te combineren ensembles wagen zich aan een verzoening van veertiende-eeuwse polyfonie met laat-twintigste-eeuwse kamermuziek.

Componist en theoreticus Philippe de Vitry leert ons in zijn traktaat Ars Nova (ca. 1322) wat deze ‘nieuwe kunst’ precies inhoudt. ‘Ars’ staat hier eigenlijk veel meer voor kunde dan voor kunst. (In eerste instantie) Franse componisten slaagden er dankzij een doorgedreven ingenieus ritmisch notatiesysteem in te ontsnappen aan de volgens hen al te stroeve Ars Antigua (twaalfde, dertiende eeuw). Opgetogen als ze waren om dit notatiesysteem, dat hen toeliet de meest complexe ritmische lijnen met elkaar te combineren, leefden ze zich meteen ook uit in het simultaan toonzetten van verschillende teksten. Voortrekkers waren de Fransen Philippe de Vitry (1291-1361) en Guillaume de Machaut (ca. 1300-1377), maar de Ars Nova zou al spoedig ook andere delen van Europa overspoelen.

Met Karlheinz Stockhausen (°1928 - december 2007) belanden we zo'n zes eeuwen verder in de tijd. De componist kende zijn doorbraak in de jaren 1950 als lid van een generatie avantgardisten die sindsdien als serialisten bekend zijn. Samen met onder meer Pierre Boulez, Luigi Nono en de Belgen Karel Goeyvaerts en Henri Pousseur, begon Stockhausen op een extreem doorgedreven rationeel vastgelegde manier te componeren. Zoveel mogelijk muzikale bouwstenen (toonhoogte, toonduur, klank-sterkte, speelwijze enzovoort) werden in strikt geformaliseerde reeksen gegoten. Die seriële schrijfwijze bleek echter al gauw zowel voor componisten als voor uitvoerders en publiek een zware dobber. Het lijkt wel alsof het oeuvre dat deze componisten achteraf geschreven hebben, een voortdurende roep is om bevestiging van het feit dat ze behalve ratio toch ook een stevige portie gevoel, flexibiliteit en menselijkheid in huis hebben. Vol fierheid worden op de persoonlijke website van Stockhausen (www.stockhausen.org) bewonderaars als The Beatles, Frank Zappa, Björk en Miles Davis opgesomd.

Tierkreis (1975) past eveneens in de context van deze meer ‘soepele’ muziek. Een wel erg milde Stockhausen biedt hier uitzonderlijk veel vrijheid aan zijn uitvoerders. Het oorspronkelijke werk bestaat uit twaalf miniatuurpartituurtjes die op evenveel muziekdoosjes bevestigd zijn. Opdat de uitvoering van het werk echter niet beperkt zou blijven tot muziekdoosjes, herschreef Stockhausen zijn Tierkreis ook voor diverse kamermuziekbezettingen. De specifieke keuze van instrumenten laat Stockhausen uiteindelijk over aan de uitvoerders. Deze Tierkreis is eigenlijk één grote improvisatie-speeltuin. Stockhausen geeft slechts één strenge richtlijn: de oorspronkelijke muziekdoosjes-versie moet minstens eenmaal volledig gespeeld worden. Deze muziek klinkt bijna kinderlijk eenvoudig, en toch is ze uiterst ingenieus geconstrueerd. Met een minimum aan materiaal wist Stockhausen keer op keer een nagenoeg feilloos evenwicht te verwezenlijken.

Deze voorstelling is het resultaat van een intensief repetitieproces van twaalf ijverige musici. Ze zijn uiteindelijk tot een doorlopende stroom muziek van zo'n tachtig minuten gekomen. De Tierkreis van Stockhausen bood hen daarbij de nodige structuur. Dat Stockhausen koos voor het componeren van een zodiak of dierenriem is niet verwonderlijk. Zijn hele oeuvre ademt een grote voorliefde uit voor grootse, bovenaardse en moeilijk grijpbare inhouden.

Hoewel Stockhausen zeker nu en dan van een zekere overmoed en lichtelijke pretentie verdacht mag worden (denk maar aan zijn magnum opus Licht dat zo maar eventjes 29 uur duurt), is dat voor de musici van Het Collectief en de Capilla Flamenca zeker niet het geval: ze wisten Stockhausen op een uiterst natuurlijke wijze te verzoenen met de veertiende-eeuwse Ars Nova. Zo begeven de musici van beide ensembles zich zonder poeha op elkaars terrein. Bovendien vertoont de Ars Nova, die tegen het einde van de veertiende eeuw evolueerde tot een bijna maniëristische Ars Subtilior, hier en daar bepaalde avant-gardistische trekjes.

De musici zijn eigenlijk zeer intuïtief en pragmatisch te werk gegaan. Een fikse internetzoektocht doorheen allerlei astrologische sites, leerde hen de voornaamste karaktertrekken van de verschillende sterrenbeelden kennen. Die legden ze naast de muziek van Stockhausen en vervolgens testten ze uit welke instrumentatie het meest wenselijk zou zijn en welke improvisatorische richting ze zouden uitgaan. Daarnaast zochten ze eveneens het gepaste Ars Nova-repertoire uit. Wat de improvisatorische passages betreft, zal de muziekkenner onder u zich Goeyvaerts herinneren (Litanie I in 3. Widder; de repetitieve muziek onderstreept de koppigheid van de ram) of Messiaen (Quatuor pour la fin du temps in 12. Steinbock). Om het wispelturige karakter van de Tweelingen (deel 5) uit te beelden, krijgt de cellist de functie van een ‘zapper’ toebedeeld. Het is op zijn commando dat hetzij de musici van de Capilla Flamenca, hetzij die van Het Collectief moeten spelen. De speelse Boogschutter (deel 11) zoekt dan weer de gezelligheid des levens op. Dit uit zich onder meer in een foxtrot-achtige improvisatie in de klarinet.

De projectie van beelden, titels en teksten en de steeds terugkomende vaste opeenvolging Stockhausen - Ars Nova, bieden u als luisteraar zeker het nodige houvast. Vergeet absoluut niet met volle teugen te genieten van de talrijke humoristische uitspattingen en van die plaatsen waar oud en nieuw elkaar overlappen of naadloos in elkaar overvloeien. Moge het voor altijd tot de Leeuw doordringen wat men hier bedoelt met de afwisseling van een pronkerig virtuoze vioolsolo enerzijds en een pietluttig deuntje hoog op de piano en op het allerkleinste blokfluitje anderzijds.

Elise Simoens



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