Moyen-Âge. Chants & Musiques - XIIIe | Medieval Music & Songs / Ensemble Jehan de Channey
Trouvères & troubadours du XIIIe • Cantigas de Santa Maria • Carmina Burana


 


medieval.org
fremeaux.com
Frémeaux & Associés "De Plein Vent" FA 9025

2005





CD1


Trouvères & troubadours du XIIIe



CD2


Cantigas de Santa Maria


Carmina Burana






Plongée au cœur du mystère de la pensée et de l’harmonie brute du Moyen Age. Temps de toutes les passions, méconnu de nos jours, que l’Ensemble Jehan de Channey s’emploie à ressusciter. Le répertoire des Troubadours du XIIIème siècle est mis en regard avec celui des Goliards retrouvés dans le couvent de Benediktbeuren et qui portent son nom (Carmina Burana). Les Cantigas de Santa Maria complètent ce tour d’horizon des chefs-d’œuvre de l’art médiéval. Ce disque est disponible sur des sites du Moyen-Age géré par la Réunion des Musées Nationaux ou par la Caisse des Monuments Historiques.


Rooted in the heart of mysterious medieval notions and mellifluence. The period which encompassed all forms of passion, little known today, but which the Ensemble Jehan de Channey has reawakened. The troubadours' repertory of the XIIth century is balanced against that of the Goliards, discovered in the Benediktbeuren monastery and which bears its name (Carmina Burana). The Cantigas de Santa Maria complete this depiction of medieval masterpieces.

Patrick Frémeaux & Jean Gibaud





ENREGISTREMENT PRODUIT PAR JEAN GIBAUD POUR DE PLEIN VENT

CONCEPTION COFFRET : FREMEAUX & ASSOCIES SOUS LICENCE DE PLEIN VENT
ILLUSTRATION DE COUVERTURE : MAITRE DE LA MADONE WHITTEMORE -
"SCENE DE L'HISTOIRE DE CEPHALE ET PROCRIS" - AVIGNON, MUSEE DU PETIT PALAIS
© PHOTO ANDRE GUERRAND

TEXTES : DENIS DUCHE © 2005 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS
ADAPTATION ANGLAISE : LAURE WRIGHT  © 2005 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS

MAQUETTE : BENJAMIN GOLDENSTEIN
CONTROLE : BERNARD FREMEAUX

REMERCIEMENTS : DENIS DUCHE - MUSEE DU PETIT PALAIS D'AVIGNON

PRISE DE SON, MONTAGE, MIXAGE JEAN LOU 2 AOUT 1991 ET 11-12 JUIN 1994

℗ 1991 & 1994 DE PLEIN VENT
© 2005 DE PLEIN VENT - GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS
www.fremeaux.com







L'ENSEMBLE JEHAN DE CHANNEY

L'Ensemble Jehan de Channey, sis en Avignon, est entièrement dévoué, depuis plus de vingt ans, à la musique médiévale et Renaissance.

Au début de son histoire, en 1982, cinq musiciens passionnés par la musique médiévale, qui décident d'unir leur talents pour préserver ce patrimoine méconnu. Quatre ans plus tard, ils décident d'ouvrir un atelier, apte à transmettre le goût et la science de cette musique ancienne qui, pour fasciner un public sans cesse renouvelé, n'en n'est pas moins confiné à quelques formations spécialisées. Les jeunes musiciens accueillis à cet atelier sont aujourd'hui les titulaires à part entière de l'Ensemble Jehan de Channey.

En 1987, la compagnie était rejointe par une formation de danseuses. Les spectacles étaient dorénavant plus complets, et l'ambiance Médiévale ou Renaissance ressuscitée à chacune de leurs performances. L'Ensemble, tout comme chacun de ses membres, a acquis expérience et maturité, notamment dans les festivals et fêtes les plus prestigieuses : médiévales de Foix ou de Menton, en passant par le Nivernais, la Bourgogne et le Jura.

Par ailleurs, l'Ensemble a enregistré plusieurs disques, avec l'aide des éditions De Plein Vent, afin de transmettre cet héritage oral dont ils sont dépositaires et spécialistes. Les éditions Frémeaux & Associés sont heureuses de pouvoir le mettre à la disposition du public aujourd'hui.

Benjamin Goldenstein






CD1



1. M'entensio  [2:55]   PEIROL

2. Quinte estampie reale  [2:16]

3. Lo dous regard  [2:03]   Adam de la HALLE

4. Presidentes in thronis  [3:18]   motet — Roman de Fauvel

5. Ai! Lemozis  [2:22]   Bertrand de BORN

6. Carole  [1:31]

7. Contre le douz tans nouvel  [2:16]   Jehan BODEL

8. O nacio nephandi  [2:31]   motet — Roman de Fauvel

9. Quan l'erba fresq'  [2:15]   Bernart de VENTADORN

10. Lamento di Tristano · Rotta  [4:16]

11. Chanson mariale  [3:10]   Gautier de COINCI

12. Ihesu tu dator venie  [1:19]   motet — Roman de Fauvel

13. Reis glorios  [3:52]   Guiraut de BORNELH

14. Sexte estampie reale  [1:25]

15. Douce Dame  [1:54]

16. Benedicamus Domino  [2:03]   organum

17. Selh que no vol  [2:55]   Raimon de MIRAVAL

18. Maria virgo virginum  [1:46]   motet — Roman de Fauvel

19. Li solaus luist  [4:35]   Arthurian lai

20. Septieme estampie reale  [1:13]

21. Or est bayard  [1:30]   Adam de la HALLE

22. J'ai fait nouveletement  [2:23]   motet — Roman de Fauvel

23. Ar mi puesc  [3:54]   Peire CARDENAL

24. Stantipes  [1:21]   Royal estampie

25. Omni potens domine  [2:06]   motet — Roman de Fauvel






Ensemble Jehan de Channey

Maryline Bampi — chant | voice
Danielle Duchépercussions | percussion
Evelyne Duchéflûtes à bec, courtaud | duct flutes, courtaud
Odile Jacobvièle à archet, flûtes à bec, cornemuse | bowed fiddle, duct flutes, bagpipes
Lydiane Gueitpsaltèrion | psaltery
Florence Ribièreharpe, percussions | harp, percussion
Vincent Aliquot — chant, flûtes à bec, cromornes | vocals, duct flutes, crumhorns
Vincent Barthélemy — chant, flûtes à bec, bombarde, cornemuse | vocals, duct flutes, bombarde, bagpipes
Denis Duché — chant, flûtes à bec, sacqueboute, cornemuse | vocals, duct flutes, sackbut, bagpipes
Denis Jacob — chant, vièle à archet, flûtes à bec, cromorne, tambourin à cordes, luth médiéval | vocals, duct flutes, crumhorn, string tambourin, medieval lute
Vincent Jacob — chant, flûtes à bec, cromorne | vocals, duct flutes, crumhorn
Laurent Silvert — chant, flûtes à bec, cornamuse | vocals, duct flutes, bagpipes




Enregistrement effectué les 11 et 12 juin 1994
Prise de son: Jean Lou









TROUVÈRES ET TROUBADOURS


Dès le XIème siècle, cette poésie du "Trobar" prend naissance avec le Comte Guilhem de Poitiers, Duc d'Aquitaine (1071-1126) qui est le premier troubadour. Lui grand seigneur possédant terres et châteaux est l'inventeur, l'initiateur de cette poésie lyrique qui va perdurer durant encore plus de deux siècles.

L'art du "trobar", c'est l'art de trouver, de faire des vers, de les chanter. Celui qui possède ce don est le Troubadour (le trouveur) qui met en musique les mots qu'il a su trouver pour exprimer sa joie, sa peine, son amour, sa révolte, sa critique...

Ces troubadours, on les rencontrait au sud de la Loire, du Limousin à l'Aquitaine, de l'Auvergne à la Provence. Ils occupaient tout le midi de la France, de Bordeaux à Nice, se développant même jusqu'en Espagne et en Italie du nord. Ils écrivaient en langue d'Oc, et plus précisément dans le parler de leur contrée d'origine. Les plus connus après Guillaume de Poitiers, sont, entre autre : Bernard de Ventadour, Bertrand de Born, Guiraut de Borneil, Peire Vidal... Ils ont ainsi développé toute une lyrique souvent courtoise "La Fin'Amor" où la Dame était l'objet sacré. Cet amour soit disant platonique tenait toute la pensée du poète qui écrivait, sans jamais la nommer, des louanges à l'attention de celle qu'il vénérait. Mais à côté de ces chansons d'amour (canso) on en trouve d'autres qui traitent des thèmes de la vie courante, car les troubadours écrivaient sur tout ce qui se passait dans la société médiévale. On peut classer ces différents genres en : chansons à personnages (chansons d'aube, d'histoire, dansées, pastourelles), poésie courtoise (canso, jeux partis) et chansons religieuses.

En contrepoint à cet art des troubadours : les Trouvères qui sont leurs équivalents du nord et écrivent en langue d'Oil. Ils apparaissent au XIIème siècle, et un important foyer englobant la région Parisienne et la Champagne se créé à la Cour de Thibaud IV, Comte de Champagne et de Brie. Tout comme Guillaume de Poitiers en Aquitaine, il est un excellent trouvère et encourage fortement ce nouvel art qui vient se calquer sur celui déjà existant des troubadours méridionaux. L'art des trouvères est lui aussi basé sur la chanson d'amour et l'on trouve chez eux aussi les mêmes genres que chez leurs homologues du Sud. Ils vont cependant inventer une forme qui leur est propre le "lai" sorte de petit récit en vers, de roman en miniature qui a surtout été illustré par Marie de France. Cet art du "trouvar" s'étendit à tout le nord de la France en particuliers en Artois à la cour d'Arras avec Adam de la Halle qui avec son jeu de Robin et Marion écrivit certainement le premier opéra comique de l'histoire de la musique. Parmi les plus célèbres trouvères on peut citer : Jean Bodel, Gautier de Coinci, Colin Muset, Gace Brulé, Conon de Béthune...

Trouvères et troubadours se sont rencontrés, car les seigneurs voyageaient beaucoup, et leurs musiciens avec eux. Si les troubadours ont été les précurseurs, les trouvères ont vu leur apogée à la fin du XIIIème siècle alors que s'amorçait le déclin des troubadours affectés par les croisades albigeoises. L'Europe entière du Moyen Age a été influencée par cet art du trobar initié par Guilhem de Poitiers et ses successeurs.

Les œuvres des trouvères et des troubadours étaient conservées dans des chansonniers, véritables anthologies de la musique médiévale. Les copistes utilisaient une portée de quatre lignes tracées à l'encre rouge. Au début de chaque portée la clé, le plus souvent celle d'ut représentée par un C, ou celle de fa représentée par un F. Les notes avaient une forme carrée. Le rythme n'y était pas indiqué. Le bémol était souvent employé devant le si et le dièse qui avait la forme de notre bécarre moderne l'était souvent devant le fa. Ces manuscrits qui comportent tout le texte des poésies étaient enluminés par de très belles miniatures qui montrent les ménestrels et leurs instruments..

Plusieurs chansonniers ont été ainsi réalisés dans toute la France, et c'est pourquoi, une même chanson copiée par des scribes différents présente parfois des mélodies dissemblables. Mais sans ces recueils, nous ne saurions rien de la musique médiévale des troubadours qui est d'une importance capitale dans notre civilisation, car elle a été le départ d'un grand foisonnement musical dans l'Europe toute entière.

Denis DUCHÉ
© 2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS




TROUVERES AND TROUBADOURS
by Denis Duché


The Middle Ages witnessed the growth of a culture where poetry and music were closely related, forming a unique form of art. This was the age of troubadours, which began in the late XIth century and continued until the end of the XIIIth century, when it came to a halt with the Albigensian Crusade.

As from the XIth century, this 'Trobar' poetry took form with Count Guillaume, Duke of Aquitaine (1071-1126), the first troubadour. The 'trobar' art is the art of finding, of writing verses and singing them. The Troubadour (the 'finder') had this gift and put his feelings of joy, sorrow, love, revolt or criticism to music.

These troubadours were principally found in southern France, but were also present in Spain and northern Italy. Their poetry was expressed in 'langue d'oc' (Occitan), to be precise using the dialect of where they came from. The best-known after Guillaume were Bernard de Ventadour, Bertrand de Born, Guiraut de Borneil and Peire Vidal and they often developed the idea of 'courtly' or idealized love, in which Woman was sacred. However, other songs related other aspects of daily life, as they wrote about the various facets of medieval life. They can be classified in several genres — songs about people (dawn, history, dance, pastorela), courtly songs (canso d'amor, jeu-parti or 'debate songs') and religious songs.

The troubadours' counterparts in the north of France were the Trouvères, who wrote in the 'langue d'oil'. They were of the XIIth century and many congregated around the court of Thibaut IV of Champagne. Similarly to Guillaume in Aquitaine, he was an excellent trouvère and encouraged this new artform. The trouvères' art was also based on love songs, and they included the same genres as their precursors in the south, but also invented their personal form of recital, the lai, a small narrative form, as was illustrated by Marie de France. This 'trouvar' style spread across northern France, in particular in Artois in the court of Arras with Adam de la Halle who most certainly wrote the first music drama, Le Jeu de Robin et de Marion. Other famous trouvères included Jean Bodel, Gautier de Coinci, Colin Muset, Gace Brulé and Conon de Béthune.

Trouvères and troubadours met up, as the lords travelled widely, taking their musicians with them. The troubadours may have been the precursors, but the trouvères were at their peak in the late XIIIth century whereas the troubadours were then fading out. The whole of Europe in the Middle Ages was influenced by this trobar art initiated by Guillaume and his successors.

The works of these artists were conserved in song-books, veritable anthologies of medieval music. The transcribers used a four-line staff the clef usually being C or F and the rhythm was not indicated. Several song-books were compiled around France, which explains why the same song copied by different transcribers sometimes have varying melodies. But without these anthologies, we would know nothing of the troubadours' medieval music, which is of utmost importance for our civilisation, as it represented a great musical development across the whole of Europe.

Adaptation by Laure WRIGHT
© 2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS








1 - M'entensio : Peirol
Chevalier d'Auvergne né au château de Peirol près de Clermont-Ferrand. Sa production se situe entre 1190 et 1230.
A knight from Auvergne born in the château of Peirol near Clermont-Ferrand. His works were written between 1190 and 1230.
(Chant, vièle à archet, harpe, flûtes à bec / vocals, bowed fiddle, harp, duct flutes)

2 - Quinte estampie reale : Anonyme
Les estampies et danses royales sont les plus anciens textes de musique instrumentale que nous connaissons pour le Moyen Age. Ce sont des danses assujetties à l'observance d'une forme fixe. Une estampie était formée d'un certain nombre de phrases musicales appelées puncta (point) qui se répétaient deux fois et dont la terminaison, semblable dans tous les puncta, était "l'ouvert" pour la première reprise et "le clos" pour la seconde. Cette danse qui devait se frapper du pied, vient du verbe provençal estampir.
Estampies and royal dances represent the oldest instrumental texts as known during the Middle Ages. An estampie was formed by a series of phrases (puncta), each of which was repeated immediately using a first-time (ouvert) and a second-time (clos) ending. This was afoot-tapping dance.
(Flûtes à bec, cromornes, vièles à archet, percussion / duct flutes, crumhorns, bowed fiddles, percussion)

3 - Li dous regard : Adam de la Halle
Trouvère né à Arras vers 1245, fut poète et musicien du Comte d'Artois. C'est avec lui qu'il partira en Sicile à la cour de Charles 1er d'Anjou pour lequel il écrira son jeu de Robin et Marion. Outre ses drames musicaux plein de vie, il est également l'auteur de chansons et de motets polyphoniques d'écriture plus complexe.
A Trouvère born in Arras around 1245, to become a poet and musician for the Count of Artois. With the Count he left for Sicily and wrote for Charles 1st of Anjou his Jeu de Robin et Marion. He also wrote songs and polyphonic motets.
(Chant, flûtes à bec, harpe / vocals, duct flutes, harp)

4 - Presidents in thronis : Anonyme
Ce motet présenté ici dans sa version uniquement instrumentale est une composition écrite pour être annexée au Roman de Fauve! (XIIIème siècle). Sa forme est ainsi élaborée, deux ou trois parties qui se déroulent au dessus d'un chant appelé teneur.
This is an instrumental version of a motet, a composition to be adjoined to the Roman de Fauvel (XIIIth century).
(Harpe, psaltérion / harp, psaltery)

5 - Ai ! Lemozis : Bertrand de Born
Troubadour périgourdin né vers 1140 au Château de Hautefort, prend son nom d'une terre située sur le terroir de Salagnac. Il est mort vers 1205 en l'abbaye de Dalon. Considéré comme le plus turbulent des troubadours, les intrigues amoureuses le reposaient des intrigues politiques ; la passion des combats et l'amour de la femme partageaient son cœur. Cette mélodie, perdue, a été identifiée sur une chanson du trouvère Conon de Béthune, elle a été écrite par Bertrand de Born à l'occasion du mariage d'Archambaud VI de Comborn et de Guicharde de Beaujeu.
a troubadour from Périgourd born around 1140 in the Château de Hautefort. He was known for his amorous and political intrigues. This tune as written by de Born for the wedding of Archambaud VI of Comborn and Guicharde de Beaujeu.
(Chant, flûte à bec, vièle archet / vocals, duct flute, bowed fiddle)

6 - Carole : Anonyme
Danse populaire qui se faisait en chaîne. / A popular dance.
(Flûte sopranino, cromornes, percussion / sopranino flute, crumhorns, percussion)

7 - Contre le douz tans nouvel : Jean Bodel
Trouvère ; l'un des maîtres de l'école d'Arras est né vers 1165. Jongleur de profession, il devient sergent à l'échevinage d'Arras et compose des chansons, des fabliaux, cette pastourelle et le jeu de St Nicolas. Frappé par la lèpre, il meurt en 1210.
A trouvère, one of the masters of the Arras school born around 1165, his compositions included this pastorela.
(Chant, harpe, luth, vièle à archet, flûte traversière, flûte à bec / vocals, harp, lute, bowed fiddle, flute, duct flute)

8 - O nacio nephandi : Anonyme
Motet extrait du Roman de Fauvel. / A motet from the Roman de Fauvel.
(Harpe, psaltérion / harp, psaltery)

9 - Quan l'erba fresq : Bernard de Ventadour
Le plus génial des troubadours. D'humble extraction, il naquit vers 1150 au Château de Ventadour en Limousin. Il commence à travailler à la cour d'Aliénor d'Aquitaine, puis entre au service de Raymond V, comte de Toulouse. La popularité, et la grande diffusion de ses chansons jusque dans le nord ont certainement joué un rôle considérable dans cette région, influençant l'art naissant des trouvères. Il est mort à Dalon vers 1195.
This most inspired troubadour was born around 1150 in the Château de Ventadour. He debuted in the court of Eleanor of Aquitaine, then worked for Raymond V, the Count of Toulouse. He died in Dalon around 1195.
(Chant, luth, vièle à archet, flûte à bec / vocals, lute, bowed fiddle, duct flute)

10 - Lamento di Tristano, rotta :
Danses du XIVème siècle italien. / XIVth century dances. Italian.
(Vièles à archet, flûtes bec, bombarde, cromorne, percussion / Bowed fiddles, duct flutes, bombarde, crumhorn, percussion).

11 - Chanson mariale : Gautier de Coinci
Le plus pieux des trouvères, né en 1177, entra très jeune dans les ordres. Il fut moine en l'Abbaye de St Médard, prieur à Vic sur Aisne et mourut en 1236 à Saint Médard. Il est l'auteur d'un immense monument de poésie narrative : "les miracles de Notre Dame", recueil de chansons à la vierge.
This most pious trouvère was born in 1177 and took holy orders when very young. He wrote much narrative poetry.
(Chant, harpe, vièle à archet / vocals, harp, bowed fiddle)

12 - Ihesu Tu dator venue : Anonyme
Motet extrait du Roman de Fauvel. / A motet from the Roman de Fauvel.
(harpe, psaltérion / harp, psaltery)

13 - Reis glorios : Guiraut de Borneilh
Troubadour limousin de la région d'Excideuil fut au dire de ses contemporains "maestre dels trobadors". L'hiver, il fréquentait les écoles de menestrandie et l'été, il s'en allait de châteaux en châteaux, emmenant avec lui deux jongleurs pour chanter ses chansons. Le roi de Castille Alphonse VIII fut son protecteur et le combla de présents.
A troubadour protected by Alfonso VIII, king of Castile who showered him with gifts.
(Chant, vièle à archet, saqueboute, harpe / vocals, bowed fiddle, sackbut, harp)

14 - Sexte estampie reale : Anonyme
(Bombarde, tambourin à cordes / Bombarde, string tambourin).

15 - Douce Dame : Anonyme
Chant formé de trois mélodies différentes superposées et possédant chacune son propre texte.
A song comprising three different superimposed melodies, each having its own text.
(Chant, courtaud, cornemuses, harpe / vocals, courtaud, bagpipes, harp)

16 - Benedicamus Domino : Anonyme
C'est un organum, c'est à dire un contrepoint au dessus d'un thème de plain-chant. Ici c'est un triplum, car il y a deux parties développées mélodiquement au dessus du chant donné. Ces compositions prenaient place dans les cérémonies du culte, mais furent toujours empreintes d'un caractère profane.
Anon. This is an organum, a counterpoint added to a plainchant, and a triplum.
(Flûte à bec, vièle à archet / duct flute, bowed fiddle)

17 - Selh que no vol : Raimon de Miraval
Chevalier originaire de Miraval Cabardes près de Carcassonne, mort en l'abbaye cistercienne de Lerida (Catalogne) vers 1220, fut un familier de Raymond VI de Toulouse puis devint le commensal du roi Pierre II d'Aragon.
Raimon de Miraval. This knight from near Carcassonne died in Catalonia around 1220.
(Chant, vièle à archet, flûte à bec / vocals, bowed fiddle, duct flute)

18 - Maria Virgo Virginum : Anonyme
Motet extrait du Roman de Fauvel  / A motet from the Roman de Fauvel.
(Harpe, psaltérion / harp, psaltery)

19 - Li solaus Luist : Anonyme
Lai Arthurien extrait du Roman de Tristan. C'est le chant de la mort d'Yseult.
Anon. A lai from the Roman de Tristan.
(Chant, flûte à bec basse, vièle à archet, harpe / vocals, bass flute, bowed fiddle, harp)

20 - Septime estampie reale : Anonyme
(Flûte à bec, vièle à archet, cromome, percussion / duct flute, bowed fiddle, crumhorn, percussion[/size]).

21 - Or est Bayard : Adam de la Halle
(Chant, cromornes, bombarde, percussion / vocals, crumhorns, bombarde, percussion)

22 - J'ai fait nouveletement : Anonyme
Motet extrait du Roman de Fauvel. / Motet from the Roman de Fauvel.
(Harpe, psaltérion / harp, psaltery)

23 - Ar mi puesc : Peire Cardenal
Troubadour auvergnat né à la fin du XIIème siècle à Veillac près du Puy, fut en particulière estime auprès du roi Jacques d'Aragon et mourut presque centenaire vers 1275.
This troubadour born at the end of the XIIth century near Puy was particularly esteemed by King Jacques of Aragon.
(Chant, vièle à archet, flûte à bec / vocals, bowed fiddle, duct flute)

24 - Stantipes : Anonyme
Estampie royale. / Royal estampie.
(flûte à bec, cromornes, bombarde, vièles it archet, percussion / duct flute, crumhorns, bombarde, bowed fiddles, percussion)

25 - Omni potens Domine : Anonyme
Œuvre extraite du manuscrit de la musique composée pour le "Roman de Fauvel".
Anon. Taken from the music composed for the Roman de Fauvel.
(Chant, bombarde, saqueboute / vocals, bombarde, sackbut)

Texte français Denis DUCHÉ
Adaptation anglaise Laure WRIGHT

© 2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS











CD2



Cantigas de Santa Maria

1. Quen a omagen da Virgen  [1:26]   CSM 353

2. Porque trobar  [2:53]   Prologo

3. Muito devemos varões  [2:31]   CSM 2

4. Non sofre Santa Maria  [2:27]   CSM 159

5. Quena Virgen ben servir  [2:05]   CSM 59

6. Ay, Santa Maria  [2:34]   CSM 79

7. Muit' amar devemos  [1:15]   CSM 36

8. Santa Maria amar  [3:40]   CSM 7

9. Assi como Jesu Cristo  [2:51]   CSM 13

10. A Madre de Jhesu Cristo  [2:33]   CSM 302

11. Santa Maria, strela do dia  [3:19]   CSM 100



Carmina Burana

12. Crucifigat omnes  [1:09]   CB 47

13.. Bache bene venies  [2:52]   CB 200

14. Vite perdite me legi  [1:10]   CB 31

15. Alte clamat Epicurus  [3:18]   CB 211

16. Tempus transit gelidum  [2:35]   CB 153

17. Virent prata hiemata  [0:53]   CB 151

18. Ich was ein chint so wolgetan  [2:54]   CB 185

19. Fas et nefas  [0:51]   CB 19

20. Ecce torpet probitas  [2:08]   CB 3

21. Exiit diluculo rustica puella  [1:39]   CB 90

22. In taberna quando sumus  [3:29]   CB 196








Ensemble Jehan de Channey

Danielle Duchépercussions | percussion
Stéphanie Escrivapercussions, tambourin à cordes, carillon | percussion, string tambourin, carillon
Vincent Aliquot — chant, flûtes à bec, cromornes | vocals, duct flutes, crumhorns
Vincent Barthélemy — chant, flûtes à bec, flageolet, bombarde, cromornes | vocals, duct flutes, flageolet, bombarde, crumhorns
Michel Bensimonvièle à archet | bowed fiddle
Denis Duché — chant, flûtes à bec, gaita, fresteu, flageolet, cornemuses, cornet à bouquin, cistre | vocals, duct flutes, gaita, fresteu, flageolet, bagpipes, cornett, cittern
Louis Durand — chant, gimbarde | vocals, gimbarde
Denis Jacob — chant, flûtes à bec, cromornes | vocals, duct flutes, crumhorns
Laurent Silvert — chant, flûtes à bec, cornemuses | vocals, duct flutes, bagpipes




Enregistrement effectué en public au Château de Lascours, le 2 août 1991
Prise de son: Jean Lou






LES CANTIGAS DE SANTA MARIA
Alphonse X Le Sage (1221-1284)


Alphonse X Le Sage (Alfonso el Sabio), fils de Ferdinand III (Le Saint) naquit à Tolède en 1221. Entre 1242 et 1244, il conquiert Murcia, et en 1252 il est couronné roi de Castille et de Léon. De nombreuses intrigues dans sa cour le font s'opposer à son fils Sanche qui s'empara du trône de son père en 1282. Alphonse Le Sage mourra de chagrin à Séville en 1284 à cause de ce bras de fer qui l'opposa à son fils. Il fut le réalisateur de l'unification de l'Espagne [sic] et imposa comme langue officielle le Castillan.


Le roi philosophe

Parallèlement à l'homme politique, au guerrier ou au législateur, Alphonse X était un monarque d'une rare culture. Mathématicien, historien, astronome, poète et musicien. C'est cette ouverture d'esprit qui valut ce roi philosophe le surnom de "El Sabio", le sage, le savant.

Il est certain que la musique et la poésie occupèrent une place de choix à sa cour. Il savait s'entourer des plus brillants troubadours et ménestrels de toutes origines (chrétiens, juifs et arabes). Cet œcuménisme musical où chacun amenait son art de jouer et ses propres instruments était le reflet de sa tolérance, lui roi catholique qui fit broder sur son manteau royal des versets du coran. Ces cultures aussi disparates que l'on rencontrait sur ses terres étaient le symbole de cet esprit d'unité qu'il voulait entretenir dans son royaume.

Il portait un grand intérêt à l'art des troubadours, et nombreux furent ceux qui séjournèrent à sa cour. Guiraut Riquier, le troubadour de Narbonne, y passa dix années où il rencontra ces nombreux musiciens, jongleurs, danseurs et savants qui animaient cette cour où régnait une importante activité culturelle.

Les Cantigas de Santa Maria

En collaboration avec tous ces musiciens, Alphonse El Sabio fit rassembler quelques 400 Cantigas de Santa Maria qui sont consacrées aux louanges et aux miracles de la Vierge. Il est vraisemblable qu'il en est l'auteur d'un grand nombre. Ces pièces retraçant de façon légendaire les miracles accomplis par la Mère de Dieu sont écrites en Gallicien qui était la langue poétique de sa cour.

Le mot "Cantigas" désigne aussi bien la chanson que le poème lui même, et sont d'inspiration populaire où le profane et le sacré s'y côtoient dans des chants d'une beauté bouleversante et des rythmes d'une force étonnante. On trouve deux sortes de "Cantigas" : Les "Cantigas de miragre" et les "Cantigas de Loor".

Les "Cantigas de Miragre" (Cantigas de miracle) font apparaître la Vierge Marie comme la protectrice, celle qui interviendra dans la vie de tous les jours. C'est elle qui succède aux fées et qui lorsqu'on l'appel- le avec ferveur exaucera le souhait qui lui est demandé. Ces Cantigas de miracle au texte parfois un peu nid étaient chantées à la cour, mais aussi lors de cérémonies de rue.

Les "Cantigas de Loor" sont des chants de louange qui sont comme des hymnes fervents glorifiant Sainte Marie, mère de Dieu. Elles étaient certainement chantées par les fidèles à l'église lors des fêtes mariales.

C'est Alphonse Le Sage lui-même qui a classé ces Cantigas par groupes de dix, et la dernière était toujours une Cantiga de Loor.
Musicalement, ces Cantigas subissent l'influence de la musique liturgique, mais aussi celle des chants de troubadour et des danses populaires du Moyen Age. Leur schéma de chanson à refrain les rapproche du virelai français, des rondeaux... leur rythme souvent ternaire avec son chiffre 3 semble être le symbole de la Sainte Trinité.

Le manuscrit principal des Cantigas de Santa Maria qui contient plus de 400 chansons mariales est conservé à la bibliothèque de l'Escorial près de Madrid. D'autres manuscrits se trouvent à Tolède et Florence et tous possèdent de merveilleuses enluminures qui montrent le roi Alphonse Le Sage entouré de musiciens et de savants. Ces miniatures permettent de découvrir les nombreux instruments qui étaient utilisés pour l'interprétation de ces Cantigas (cornemuse, flûte, percussions, cordes pincées, cordes frottées...).

Cantigas chantées, Cantigas interprétées dans des versions purement instrumentales, ménestrels, chanteurs de toutes confessions étaient réunis dans un même élan d’œcuménisme pour donner à la musique d'Alfonso el Sabio toute sa force et sa ferveur. Même les femmes jouaient et dansaient parfois les Cantigas de Santa Maria dans les églises.

Denis DUCHÉ
© 2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS



Canticles of the Virgin Mary
King Alfonso X (1221-1284)
by Denis Duché

Alfonso X the Wise (Alfonso el Sabio), son of Ferdinand III was born in Toledo in 1221. Between 1242 and 1244, he conquered Murcia and in 1252 was crowned king of Castile and Leon. Numerous court intrigues resulted in animosity between the king and his son Sanche, and was overthrown by the latter in 1282. Alfonso the Wise died of a broken heart in Seville in 1284 following his son's insurrection. He brought about the unification of Spain [sic] and ordered that the official language be Castilian.

The philosopher

While being a politician, warrior and legislator, Alfonso X was equally very cultured, known as a mathematician, historian, astronomer, poet and musician. This open-mindedness earned him to be tagged 'El Sabio', the Wise.

We are certain of the fact that music and poetry played a major role in his court. He was surrounded by the finest troubadours and minstrels of all origins (Christians, Jews and Arabs). This musical ecumenism, with everyone offering his personal style and instruments demonstrated his tolerance, a Catholic king with the Koran's verses embroidered on his royal robe.

He showed much interest in the art of troubadours, and many spent time in his court. Guiraut Riquier, a troubadour from Narbonne, spent ten years there and met numerous musicians, jugglers, dancers and scholars who provided entertainment in this artistically learned court.


Canticles of the Virgin Mary

In collaboration with these musicians, Alfonso El Sabio collected some 400 Cantigas de Santa Maria, in praise of the Virgin Mary. It would seem that he wrote a large number of them. They relate the miracles made by the Mother of God and were written in Galician, the poetic language of the court.

The word 'Cantigas' defines both the song and the poem and are of popular inspiration. Two sorts of 'Cantigas' exist — the 'Cantigas de miragre' and the 'Cantigas de Loor'.

The former ('Miracle Canticles') depict the Virgin Mary as the protector, doing good in everyday life, granting wishes when fervently called for. These canticles, having lyrics which are sometimes a little naïve, were sung in court and also in street processions.

The latter are songs of praise, hymns glorifying Saint Mary, mother of God. They were most certainly sung by the congregation at church during Marian festivities.

Alfonso the Wise classified these Canticles in groups of ten, the last always being a Cantiga de Loor.

Musically speaking, these Canticles were influenced by liturgical music, but were also inspired by the chants of troubadours and popular dances of the Middle Ages. Their form resembles the French virelai and rondeaux — their rhythm is often in ternary form, with the number '3' symbolising the Holy Trinity.

The main manuscript of the Cantigas de Santa Maria, comprising over 400 Marian songs is kept at the Escorial library near Madrid. Other manuscripts can be found in Toledo and Florence and all have marvellous illustrations portraying King Alfonso the Wise surrounded by musicians and scholars. These miniatures enable us to discover the many instruments used for the playing of these Canticles (bagpipes, flutes, percussion, plucked stringed instruments, rubbed strings, etc.)

Sung Canticles, purely instrumental Canticles, minstrels and singers of all religions were reunited to contribute to the potency and fervour of Alfonso el Sabio's music. Sometimes, even women played and danced to the Cantigas de Santa Maria in churches.

Adaptation by Laure WRIGHT
© 2005 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS






1. Cantiga 353
(Gaita Gallega ou cornemuse médiévale espagnole à un pipeau de bourdonnement / Gaita Gallega or Spanish medieval bagpipe with a drone pipe).

2. Prologue
Bien composer des vers est une chose difficile, dit Alphonse Le Sage. Mais confiant en Dieu, il demande à la Vierge de l'accepter comme son troubadour.
Alfonso the Wise said it was hard to correctly write verses. But having confidence in God, he asked the Virgin to accept him as her troubadour.
(Texte, flûte à bec, vièle à archet, carillon / Text, duct flute, bowed fiddle, carillon).

3. Cantiga 2
(Vièle à archet, flûtes it bec, cromorne, cornamuse, percussions / bowed fiddle, duct flutes, crumhorn, bagpipes, percussion).

4. Cantiga 159 : Non sofre Santa Maria
"Comment Sainte Marie fit découvrir aux pèlerins de Rocamadour un morceau de viande qui leur avait été volé."
How Saint Maly helped the Rocamadour pilgrims to find a piece of meat which had been stolen from them."
(Chant, vièle à archet, flûtes à bec, cromorne, mandore, percussions, guimbarde / vocals, bowed fiddle, duct flute, crumhorn, mandora, percussion, guimbarde)

5. Cantiga 59
(Fresteu, vièle à archet, flûtes à bec, percussions / fresteu, bowed fiddle, duct flutes, percussion)

6. Cantiga 79 : Ay Santa Maria
Ce cantiga chante le miracle que fit la Vierge qui assagit une fille coquette et l'amène avec elle au paradis.
This Cantiga tells of the Virgin's miracle when she made a coquettish girl wiser and took her to heaven.
(Chant, flûtes à bec, carillon, vièle à archet, mandore / vocals, duct flutes, carillon, bowed fiddle, mandora)

7. Cantiga 36
(Flageolets, percussions / flageolet, percussion)

8. Cantiga 7 : Santa Maria amar
Par quel miracle la douce Dame libéra une abbesse enceinte qui s'était endormie en pleurant devant l'autel.
A miracle whereby Our Lady frees a pregnant abbess who had fallen asleep, weeping in front of the altar.
(chant, vièle à archet, flûtes k bec, tambourin à cordes, cistre, percussions / vocals, bowed fiddle, duct flutes, string tambourin, cittern, percussion)

9. Cantiga 13 : Assi Como Jesu Cristo
Parce qu'il l'avait toujours vénérée, Sainte Marie sauva un voleur de la potence.
As he had always worshiped her, Saint Mary saves a thief from the gallows.
(chant, vièle à archet, guimbarde, flûtes à bec, cromornes, mandore, percussions / vocals, bowed fiddle, guimbarde, duct flutes, crumhorn, mandora, percussion)

10. Cantiga 302
(vièle à archet, tambourin à cordes, cistre, flûtes à bec, cromorne / bowed fiddle, string tambourin, cittern, duct flutes, crumhorn).

11. Cantiga 100 : Santa Maria Stelle do Dia
Chant de louanges à Sainte Marie, étoile du matin, qui nous montre le chemin vers Dieu.
Praise to Saint Mary who shows us the path to God.
(chant, cromorne, vièle archet, flûte bec, cistre, percussions / vocals, crumhorn, bowed fiddle, duct flute, cittern, percussion)

Texte français Denis DUCHÉ
Adaptation Laure WRIGHT
© 2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS









CARMINA BURANA
XIème - XIIIème siècle

Les "Carmina Burana" tirent leur nom du lieu où fut découvert le manuscrit médiéval original : c'est à dire le couvent bavarois de Benediktbeuren. Il a été remis à la bibliothèque centrale royale de la cour à Munich en 1803, et c'est le premier éditeur qui lui a donné ce titre "Carmina Burana" (poèmes de Benediktbeuren) pour pérenniser le lieu de sa découverte.

C'est un véritable recueil où sont transcrites un nombre imposant de chansons lyriques de la fin du XIème siècle jusqu'au XIIIème. Ces pièces proviennent de tous les pays d'Europe (Occitanie, France, Angleterre, Ecosse, Suisse, Castille, Catalogne, Allemagne...) et sont écrites principalement en bas latin, parfois en moyen haut allemand, un petit nombre dans la langue souvent dialectale de son auteur.

Ces auteurs étaient les "Golliards" ainsi dénommés vraisemblablement à cause de Goliath qui représentait le vice. Ces poètes musiciens errants étaient des étudiants ou des clercs en rupture avec l'église qui parcouraient l'Europe du Moyen Age. C'était des marginaux renommés pour leur oisiveté, leur prédilection pour le jeu, les beuveries et les ripailles. Certains sont cultivés, mais presque tous conservent l'anonymat. Leur vie extravagante et scandaleuse motivait sans doute cette absence de signature.

Les "Carmina Burana" offrent des chansons de toutes sortes : bachiques, moralisatrices, érotiques, anticléricales, satiriques, d'amour. La parodie était une façon pour ces Golliards de se moquer de l'église, de critiquer la société médiévale. "La messe des joueurs" (officium lusorum) en est un très bel exemple. A côté de ces œuvres profanes on remarque cependant des pièces sacrées : un drame du sépulcre, deux passions, un jeu de Noël et des hymnes religieux.

Mais en dépit de cette diversité d'inspiration on trouve toujours dans les "Carmina Burana" des gracieuses mélodies d'une beauté étonnante et d'une très grande force d'expression. Elles étaient notées en neumes, et si beaucoup de musiques sont originales, certaines, comme cela était courant au Moyen Age, existaient déjà, et les poètes venaient simplement mettre leur texte sur un air déjà connu. "Alte Clamat Epicurus" chanson épicurienne est originellement un chant de croisade, "Fas et nefas", est un conduit de l'école de Notre Dame, "Tempus transit gelidum", chanson d'amour se chante sur un air de Noël.

Le manuscrit des "Carmina Burana" œuvre "collective internationale" renferme des pages très raffinées qui côtoient de simples airs d'essence populaire, ce qui fait tout le charme de cet immense "chansonnier".

Denis DUCHÉ
©2005 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS


CARMINA BURANA
XIth — XIIIth century

by Denis Duché

The 'Carmina Burana' take their name from where the original medieval manuscript was discovered —the Bavarian monastery of Benediktbeuren. It was taken to the Bavarian State Library in Munich in 1803, and the first publisher gave its title, 'Carmina Burana' (poems of Benediktbeuren) to perpetuate its place of discovery.

It is a veritable compilation containing a great number of lyric songs dating from the late XIth until the XIIIth century. They originate from all over Europe (Occitania, France, England, Scotland, Switzerland, Castile, Catalonia, Germany, etc.) and are mainly written in Low Latin, sometimes in Middle High German, and a few in the author's local dialect.

These writers were known as the 'Goliards', probably due to Goliath, the representative of vice. These wandering poets-cum-musicians were scholars and clerics having broken away from the church and who journeyed around Medieval Europe. Renowned for their extravagant and scandalous ways, though some boasted good culture, they almost all remained anonymous.

The 'Carmina Burana' anthology comprises songs of all types: bacchic, moralist, erotic, anticlerical, satiric and love songs. These Goliards used parody to make fun of the church and criticise the medieval society. However, next to these secular pieces we find sacred ones — a sepulchral drama, two pieces of Passion music, one related to Christmas and religious hymns.

Yet despite the inspirational variety, these 'Carmina Burana' all boast astonishingly beautiful music with great expression. They are notated in neuma, and although many elements of the anthology are original, some already existed, the poets simply putting their lyrics to a known tune. "Alte Clamat Epicurus" originally dated from the crusades, "Fas et nefas" comes from the Notre Dame school and "Tempus transit gelidum" is a love song borrowing Christmas music.

Adaptation by Laure WRIGHT
© 2005 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS






12. Bacche bene venies - CB 200
"Bacchus, soit le bien venu, toi qui rend notre âme joyeuse... Un tel vin, ce bon vin généreux, rend l'homme sain, brave et audacieux..."
"Bacchus, you are welcome, you who gratify our souls . . . Such wine, this good and plentiful wine renders man healthy, brave and audacious..."
(Chant, flûtes à bec, vièle à archet, percussions / vocals, duct flutes, bowed fiddle, percussion)

13. Vite perdite me legi - CB 31
Bombarde, cornet à bouquin, flûtes à bec, cornemuse, vièle à archet, percussions / bombarde, cornett, duct flutes, bagpipes, bowed fiddle, percussion)

14. Alte Clamat Epicurus - CB 211
"Epicure crie bien haut un ventre plein est sans souci... "Que le ventre soit mon Dieu"..."
"Let the stomach be my God...".
(Chant, tambourin à cordes, cistre, tabor / vocals, string tambourin, cittern, tabor)

15. Crucifigat Omnes - CB 47
(Vièle à archet, flûtes à bec, cromorne, percussions / bowed fiddle, crumhorn, percussion)

16. Tempus transit gélidum - CB 153
(Chant, flûtes à bec, cistre, vièle à archet, crotales / vocals, duct flutes, cittern, bowed fiddle, crotals)

17. Virent prata hiemata - CB 151
(Bombarde, percussions / bombarde, percussions)

18. Ich was ein chint so wolgetan - CB 185
La mésaventure d'une jeune fille qui se laissa séduire et fit une promenade dans un bois en compagnie d'un charmant chevalier...
The misfortune of a young girl who is seduced and goes walking in the wood along with a charming knight...
(Chant, flûtes à bec, cromorne, vièle à archet, percussions / vocals, duct flutes, crumhorn, bowed fiddle, percussion)

19. Fas et nefas - CB 15
(Vièle à archet, flûtes à bec, percussions / bowed fiddle, duct flutes, percussion)

20. Ecce torpet probitas - CB 3
(Bombarde, cornemuse, flûte à bec, tambourin à cordes, percussions / bombarde, bagpipes, duct flute, string tambourin, percussion)

21. Exiit diluculo rustica puella - CB 90
(Flûtes à bec, vièle à archet, cromorne, percussions / duct flutes, bowed fiddle, crumborn, percussion)

22. In taberna quando sumus - CB 196
"Quand nous sommes dans la taverne, que nous importe de n'être que poussière, nous nous adonnons aux jeux auxquels nous aspirons toujours..."
"When we're in the tavern we do not think how we will go to dust, but we hurry to gamble...".
(Chant, vièle archet, bombarde, cistre, tambourin à cordes, percussions / vocals, bowed fiddle, bombarde, cittern, string tambourin, percussion)

Texte français Denis DUCHÉ
Adaptation Laure WRIGHT

© 2005 GROUPE FRÉMAUX COLOMBINI SAS