medieval.org
Abbaye de Sylvanés, 1990
L'empreinte digitale 13006 (1990)
L'empreinte digitale 13073 (2000)
01 - Alleluia! concinat
motet à 3 [ms de Worcerster, XIIIe s.]
[0:59]
02 - Lux fulgebit
introït, messe de Noël ''l'Aurore''
[d'après neumes du ms de Laon, IXe s.]
[2:47]
03 - Alleluia! Karitate
pour la fête de saint Bernard
[antiphonaire cistercien du XIIe s., Paris-BN]
[2:43]
04 - Lux illuxit gratiosa
organum à 2 [ms de Madrid. XIIIe s.]
[5:29]
05 - Allelluia! Dulcis spina
fête de l'Exaltation de la Sainte-Couronne d'Epines
[antiphonaire cistercien du XIIe s., Paris-BN]
[2:05]
06 - Lux orta est justo
répons de l'office lucernaire
[ms. ambrosien de Milan, XIIe s.] [2:59]
07 - SIGON (attr). Alleluia! Dies sanctificatus
organum, messe de Noël [Chartres]
[2:13]
08 - Benedicte Dominum omnes angeli
graduel, fête des archanges [ms de Laon, IXe s.]
[6:10]
09 - Kyrie rex angelorum
Kyrie Orbis factor, Xe s., alternatim Kyrie en motet à 3
d'Apt [5:27]
10 - Sequella sur l'Alleluia Karitate
fête de s. Bernard, d'après des sequelles aquitaines
[2:36]
11 - Stetit angelus
offertoire de la fête des archanges [ms de Laon, IXe
s.] [5:04]
12 - SIGON (attr). Alleluia! Angelus Domini
organum à 2 en déchant [Chartres, Xe-XIe s.]
[1:41]
13 - Hildegard von BINGEN. De angelis
antienne [5:48]
14 - Alleluia! Angelus Domini
organum à 2, octave de Pâques [ms. Firenze]
[5:55]
15 - Angelus Domini descendit de celo
offertoire du Temps pascal
[d'après neumes du ms de Laon, IXe s.]
[5:06]
16 - In conspectu angelorum
répons, fête de saint Michel [France, Xe s.]
[3:11]
17 - Alleluia! In conspectu angelorum
organum à 2, fête de saint Michel
[ms. Wolfenbüttel, XIIIe s.] [5:40]
18 - Gloria
à 3 [ms de Worcerster, XIIIe s.]
[2:32]
ENSEMBLE VENANCE FORTUNAT
Anne-Marie Deschamps
Catherine Heugel-Petit, soprano
Dominique Thibaudat, soprano
Françoise Levy, mezzo soprano
Eric Trémolières, ténor
Gabriel Lacascade, baryton
Antoine Sicot, basse
Philippe Desandre, basse
DES VOÛTES CISTERCIENNES
Les Anges et la Lumière
IXe - XlVe siècles
Ce programme évoque l'environnement musical de saint Bernard
à travers un thème cher à l'abbé de
Clairvaux: l'angélologie. Parmi ces pièces du
répertoire liturgique, saint Bernard a sans doute chanté
ou entendu les compositions grégoriennes. D'autres pièces
qui lui sont postérieures témoignent du
développement de son influence dans la culture européenne
du Moyen Age.
Cet enregistrement a été réalisé sous les
voûtes cisterciennes de l'abbaye de Sylvanès. La
spécificité de ce lieu réside dans la
clarté des harmoniques d'octave et de quinte et,
phénomène plus rare, de tierce et de septième,
dégagées par les pierres. De nombreuses voûtes
cisterciennes présentent des caractéristiques semblables,
mais souvent accompagnées d'une réverbération "en
tonneau" qui nuit à la pureté du son.
L'auditeur sera en outre sensible aux interventions jubilatoires des
oiseaux.
BERNARD DE CLAIRVAUX, UN SAINT MYSTÉRIEUX
Saint Bernard est un personnage complexe et ambigu. Son image est
d'ailleurs, dans le public, double. Pour beaucoup - suivant en cela les
historiens du XIXe siècle - il est celui qui fit condamner
Abélard, qui prêcha aveuglément la Deuxième
croisade, celui qui dans ses engagements se montra volontiers agressif
et autoritaire. Mais à ce noir portrait s'oppose celui du
mystique dont l’œuvre littéraire est
considérable. Il est né en 1090 à
Fontaine-les-Dijon. Si son père est un chevalier de rang
modeste, sa mère, Aleth de Montbard, est d'une lignée
prestigieuse, tournée tant vers la Bourgogne que vers la
Champagne. Destiné à être clerc, il reçoit
une formation solide chez les chanoines de Châtillon-sur-Seine.
Vers l'âge de vingt ans il décide d'entrer au
monastère de Cîteaux, fondé en 1098 au sud de Dijon
et où se pratiquait l'ascèse monastique la plus rude. Il
convainc ses frères et ses proches de se "convertir" avec lui.
Et en avril 1112 (ou en mai 1113, la chronologie n'est point
sûre), Bernard arrive à Meaux avec trente compagnons. En
juin 1115, il s'installe avec quelques moines dans le val d'Absinthe,
clairière isolée, non loin de Bar sur Aube: l'abbaye de
Clairvaux est fondée.
Pendant quinze ans, Bernard se consacre au développement de
Clairvaux tout en élargissant son champs d'action. Il arbitre
des conflits entre seigneurs, s'oppose à l'intrusion des princes
laïques (y compris le roi de France) dans les affaires de
l'Eglise. Il soutient les premiers templiers. Son rayonnement
s'amplifie lors du schisme dit d'Anaclet. Contre ce dernier, Bernard
choisit Innocent II qu'il juge être un meilleur pape. Durant huit
ans l'abbé lutte pour s'imposer - il y parviendra - au prix
d'incessants voyages et d'interventions multiples.
Ayant gagné en autorité et prestige, l'abbé de
Clairvaux (Bernard refusera sa vie durant toute autre dignité)
se porte alors sur tous les fronts. Là où il pressent une
faille dans l'Eglise, il se voit obligé d'intervenir: "Aucune
des affaires de Dieu ne m'est étrangère", affirme-t-il.
Il en souffre: "Je suis la chimère de mon siècle, ni
clerc, ni laïc. J'ai déjà abandonné la vie de
moine, mais j'en porte encore l'habit...". L'essor des écoles
urbaines où la logique est appliquée aux
vérités révélées l'inquiète:
En 1140, il fait condamner par Rome Abélard et son disciple
Arnaud de Brescia. Ses tentatives ne sont pas toutes couronnées
de succès: découvrant les progrès de
l'hérésie manichéenne, il se rend en Languedoc:
c'est un échec; en 1148, Bernard tente d'obtenir en vain la
condamnation du théologien Gilbert de la Porrée.
Bernard se rallie au projet d'une nouvelle croisade, pour lui occasion
de pardon des péchés: Il la prêche le 31 mars 1148
à Vézelay. Dans la vallée du Rhin, un moine
déchaîne le peuple contre les communautés juives.
Bernard se rend sur place et met fin aux massacres: pour lui, le peuple
juif est porteur de l'humanité de Jésus. Attitude qui lui
vaudra la reconnaissance des historiens juifs. La déroute de la
croisade (qu'il n'accompagne pas) l'affecte. Il se retire à
Clairvaux pour se consacrer à l'écriture et mettre en
forme ses œuvres. Au printemps 1153, il part, malade, à
Metz pour y rétablir la paix. Il meurt dans son abbaye le 20
août 1153, à l'âge de 63 ans. Canonisé en
1174, il sera proclamé docteur de l'Eglise en 1830.
Cet homme "tout puissant malgré lui, et condamné à
gouverner l'Europe", comme le dit Michelet, est avant tout un moine
porteur de farouches exigences. Luther s'inspira de son exemple.
Bernard veut revenir aux sources de l'érémitisme, dans
une quête désespérée de pureté et de
rigueur. D'où la volonté de libérer les couvents
de son ordre — 345 à sa mort! — du monde laique et
de les faire accéder à l'indépendance
matérielle. D'où ce dépouillement novateur qui
prévaut dans l'art cistercien, comme en témoignent la
réussite architecturale des monastères ou le chant
liturgique. Bernard est aussi un théologien mystique qui a
posé avec optimisme l'union de Dieu avec l'homme, en insistant
sur l'amour de l'humanité de Jésus.
"Que fut donc l’œuvre de saint Bernard? L'opposition d'un
homme de génie aux courants qui entraînaient son
siècle." Ce sévère jugement d'Achille Luchaire
(dans L'Histoire de France d'E. Lavisse, 1901) rend bien compte d'un
certain conservatisme politique et social de Bernard de Clairvaux mais
il ne souligne qu'une des facettes du personnage. Bernard est encore un
personnage mystérieux, qui reste à découvrir.
Jacques Berlioz.
Ancien membre de l'Ecole de Rome; chargé de recherche au CNRS,
Paris.
LE CHANTRE DE NOTRE DAME
Saint Bernard n'a jamais écrit sur l'architecture, cependant
l'architecture cistercienne est encore pour nous un vivant symbole de
beauté. Elle est née de sa pensée, de sa foi, de
sa rigueur, imprimée par des géomètres dans la
pierre.
Tout au long du siècle de saint Bernard, l'Europe s'est couverte
d'abbayes et de prieurés cisterciens, bâtis en grand
appareil de pierres carrées avec des voûtes à
l'image de "l'arc du ciel" (Abélard), capables d'entrer en
sympathie intime avec la voûte palatale du chanteur. La pierre
nue ainsi traitée, a la capacité de faire sortir les
harmoniques de la voix, ce qui l'exalte et donne l'auditeur un
environnement sonore qui est encore sujet à réflexion
aussi bien pour les acousticiens que pour les architectes et les
médecins.
Saint Bernard a beaucoup écrit sur l'importance de l'audition,
et l'on aurait pu attendre des cisterciens une création musicale
de même ampleur que la création architecturale. Mais les
réformes de la musique liturgique cistercienne ont
été inspirées par un désir de retour
à des sources qui, alors, étaient mal connues. Aussi,
basées sur des principes plus "idéologiques" que
proprement musicaux, ces réformes sont-elles restées
enfermées dans les murs des abbayes cisterciennes, sans grande
influence sur le développement de la musique, en pleine
évolution à cette époque.
Cependant, autour de Bernard de Clairvaux, une vie musicale intense a
été peu ou prou influencée par ses écrits,
ses énergies et ses impulsions — œuvres
d'admirateurs ou œuvres de détracteurs — en
Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, comme en France. Au
chantre de Notre Dame, de l'aide angélique, de l'amour de la
lumière répondent un peu partout en Europe des musiciens
souvent liturges, dont l'étonnante création musicale
demandait à être réanimée, "inventée".
Inspiré par les visions des théologiens-poètes du
siècle de saint Bernard, l'Ensemble Venance Fortunat a choisi,
parmi les thèmes favoris des contemplations de saint Bernard et
de son entourage de célébrer "les Anges et la
lumière".
Le programme comprend neuf pièces (dont un kyrie en neuf
parties) qui sont ponctuées d'Alleluia (cri angélique:
louange à Dieu) et suivies d'un gloria. Le chiffre neuf est
traditionnellement le signe-symbole des hiérarchies
célestes.
Anne-Marie Deschamps
SAINT BERNARD ET LES ANGES
L'école cistercienne enseigne "l'art d'aimer" et saint Bernard
de Clairvaux en est, au XIIe siècle, l'inspirateur. Or, l'ange a
pour fonction essentielle de chanter l'amour. Il célèbre
les louanges de Dieu dans la jubilation. La musique céleste
proclame l'harmonie, la beauté et la lumière.
Bernard emprunte à Denys le mystique les degrés de la
hiérarchie angélique. Les anges supérieurs, tels
les Séraphins et les Chérubins, contemplent dans un
océan de clarté la source de la lumière.
L'acuité de leur regard leur permet de saisir la profondeur de
l'abîme divin. Les anges de rang inférieur annoncent la
bonne nouvelle du Royaume de la présence divine, grâce
à l'image de Dieu dont chaque homme est porteur. Ce que l'ange
voit d'une façon immédiate, l'homme n'en perçoit
que les reflets. Ceux-ci servent d'échelons ascensionnels.
Un amour igné meut les anges. Magnifiant cet amour, ils en
communiquent la splendeur aux hommes en les invitant à partager
leur "sainte joie". L'occident médiéval a su adopter la
pensée orientale selon laquelle les ordres des moines se
correspondent. C'est pourquoi, s'adressant à ses religieux,
Bernard les invite à se tenir dans le paradis de la vie
monastique: "Ne sommes-nous pas montés au troisième
ciel?", dira l'abbé cistercien dans un des ses sermons (37.8
De diversis). Ainsi le ciel et la cellule s'apparentent.
D'où la familiarité entre les moines et les anges: ils
conversent les uns avec les autres (Sermon Psaume Qui habitat XII. 3).
Plus encore, les anges, tels les paranymphes sont présents lors
des visites du Verbe (Sermon sur le Cantique des Cantiques 31.5).
Rien n'est vu avec les yeux du corps, tout s'éprouve
intérieurement. Semblables à des murailles, les anges
font obstacle aux tentations venues du monde en les empêchant
d'atteindre les orants (Sermon sur le Cantique des Cantiques).
Venant au secours des religieux (Sermon sur Victor 2.3), les
anges les aident à prier (Sermon sur Benoît 10) et
leur enseignent à vivre dans les cieux, à monter
au-dessus du soleil. L'esprit précède - écrit
saint Bernard - plus tard le corps suivra (Lettre 278.1).
Par l'intermédiaire des anges, les moines et tous ceux qui se
tiennent orientés vers la dimension divine passent de la
région des corps à celle des intelligences (De
Consideratione V. 2). Parfois les anges apparaissent dans des
songes, donnent des conseils, encouragent, stimulent. Lorsque les sens
intérieurs se développent à l'égard des
mystères, l'oreille du dedans perçoit des murmures et une
vision s'ébauche, tandis que l'odorat devient capable de
respirer des parfums célestes. "Applique ton oreille
intérieure, conseille Bernard, et regarde avec les yeux du
cœur, alors tu pourras saisir le contenu de ton
expérience" (De conversione 4). Ainsi le regard du
contemplatif acquiert une simplicité par plénitude,
l'intelligence et le cœur se rencontrent et s'animent
réciproquement. L’œil intérieur est fragile,
la somnolence tend à le clore, le brouillard le trouble, la
tristesse l'obnubile (Sermon in Psaume Qui habitat 8.6). Le
cœur lui-même, saisi par une torpeur, s'alourdit (Sermon
De diversis 16,1).
Enfin les anges apprennent à passer de l'humanité du
Christ au Verbe, à quitter ainsi l'obscurité du temps et
de l'histoire afin de pénétrer déjà dans
l'éternité lumineuse (Sermon 75.10-12, Cantique des
Cantiques). L'ange invite l'homme à donner son acquiescement
à l’œuvre de l'esprit qui s'accomplit en lui.
D'où le rôle du Fiat de la Vierge dont Bernard mentionne
l'importance dans un sermon sur l'Annonciation. Lorsque la Vierge
accepte la naissance dans son sein de l'enfant divin, la nature bondit
de joie.
Cette "sainte joie" s'exprime par des chants, et les énergies
divines passent dans la sonorité des neumes grégoriens.
Musiciens célestes et musiciens terrestres mêlent leurs
voix. Et ceux qui les écoutent s'émerveillent.
Marie Magdeleine DAVY
PROGRAMME
1. ALLELUIA ! CONCINAT
Motet à 3 parties du manuscrit de Worcester (Angleterre, XIIIe
siècle).
Cet Alleluia évoque les instruments-symboles attribués
aux anges par l'iconographie. (concinere signifiant chanter
ensemble voix et instruments).
Mode de sol / G / transcription: Luther Dittmer 1957: "The Worcester
Fragments".
2.LUX FULGEBIT
Introit de la messe de Noël dite "de l'Aurore".
Interprétation d'après les neumes du manuscrit de Laon,
(école de Metz, France, IXe siècle).etz, France, 9th
century)
Mode de sol / G / Editions Solesmes.
3. ALLELUIA! KARITATE
Pour la fête de saint Bernard. Cet alleluia est ajouté
à la fin d'un antiphonaire cistercien du XII' siècle
(Paris-BN). Ce manuscrit est de peu postérieur à saint
Bernard.
Mode de fa / F / transcription: Anne-Marie Deschamps.
4. LUX ILLUXIT GRATIOSA
Organum à deux parties avec une vocalise suggestive sur "super
nos enituit" ("a brillé sur nous"). Manuscrit dit "de Madrid"
(Espagne - XIIIe siècle). Écrit pour la cathédrale
de Tolède, d'une écriture non mesurée d'origine
espagnole, il s'inscrit, pour la composition, dans la tradition de
l’École Notre-Dame de Paris.
Mode de ré / D / transcription: Anne-Marie Deschamps
5. ALLELUIA! DULCIS SPINA
Pour la fête de l'Exaltation de la Sainte-Couronne
d’Épines. Antiphonaire cistercien du XIIe siècle
(Paris - BN).
Mode de sol / G / transcription: Anne-Marie Deschamps.
6. LUX ORTA EST JUSTO
Répons de l'office lucernaire. Manuscrit ambrosien de Milan
(Italie - XIIe siècle). Le "Lucernaire" était, au
Moyen-âge, le moment du passage de la lumière naturelle
à celle des cierges et des lampes à huile (à
l'heure des vêpres). Les vêpres ambrosiennes comme celles
prescrites par saint Césaire d'Arles pour les vierges, au IVe
siècle, comprenaient deux offices, le premier étant le
lucernaire (de tradition orientale). Au VIe siècle, saint
Benoît ordonna de célébrer les vêpres assez
tôt pour pouvoir bénéficier de la lumière du
jour. Le rite lucernaire fut remplacé par l'office unique des
vêpres. Il fut cependant conservé jusqu'au VIIIe
siècle dans le rite gallican, et jusqu'à nos jours dans
la liturgie milanaise.
7. ALLELUIA! DIES SANCTIFICATUS
De la messe du Jour de Noël. Organum, extrait d'un alleluia
chartrain attribué à Sigon (Bernard a prêché
à Chartres la croisade en 1148). Manuscrit de Chartres (France -
XIe siècle).
Mode de ré / D / transcription: Anne-Marie Deschamps
8. BENEDICITE DOMINUM OMNES ANGELI
Graduel pour la fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël,
archanges. Interprétation d'après les neumes du manuscrit
de Laon (France IXe siècle). Les "répercussions",
nombreuses dans ce chant, sont un type d'ornement qui est
présent tout au long de la tradition vocale.
Mode de fa / F / Edition Solesmes
9. KYRIE REX ANGELORUM
Pour la fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël,
archanges. Le Kyrie grégorien (Orbis factor, Xe siècle,
inscrit dans l'usage cistercien) alterne avec les neuf parties du
même Kyrie traité en motet à trois voix du
manuscrit d'Apt (France, XIVe siècle). Il existe aussi dans une
version similaire à Ivrea, Italie.
Mode de ré / D / transcription: Amédée
Gastoué - Société Française de Musicologie,
1936.
10. SEQUELLA SUR L'ALLELUIA KARITATE
Pour la fête de saint Bernard. Schéma proposé par
Anne-Marie Deschamps dans l'esprit des "sequelle" aquitaines: la sequella
est une improvisation entre plusieurs chantres sur la dernière
syllabe de l'alleluia traditionnel (sequella = suite). Ici les six
chanteurs jouent sur les harmoniques de l'église: octave, quinte
et septième.
11. STETIT ANGELUS
Offertoire pour la fête des saints Michel, Gabriel et
Raphaël, archanges. Interprétation d'après les
neumes du manuscrit de Laon (France IXe s.).
Mode de ré / D / Edition Solesmes.
12. ALLELUIA! ANGELUS DOMINI (Chartres)
Organum à deux parties en déchant, pour le temps pascal,
un des tout premiers exemples de polyphonie savante. Il est
attribué à Sigon, chantre, disciple de Fulbert de
Chartres. Manuscrits chartrains (France Xe et XIe siècles).
Polyphonie: manuscrits de Chartres (France XIe siècle).
Mode de sol / G / transcription: Anne-Marie Deschamps.
13. DE ANGELIS
Antienne de Hildegarde de Bingen, abbesse de Rupertsberg (1098-1178).
Saint Bernard disait de ses écrits: "ils ne sont pas de l'homme;
nul mortel ne saurait les comprendre s'il n'est transformé par
l'amour en la ressemblance divine". Elle répondait:"Je vous ai
vu comme un homme qui regarde le soleil, qui ne craint rien, qui a
beaucoup d'audace... Vous êtes l'aigle qui regarde le soleil".
Hildegarde décrit "l'ombre de la lumière" et, trois cents
ans avant Villon, cinq cents ans avant Cavalieri, elle invente, en ce
XIIe siècle qui est la grande époque des jeux
liturgigues, un jeu nouveau: le dialogue de l'âme "posée"
dans la chair avec les vertus "personnifiées".
vertues.
Mode de mi / E / fac-similé, édition Otto Müler
Verlag, Saleburg 1968.
14. ALLELUIA! ANGELUS DOMINI (Florence)
Organum à deux parties pour l'octave de Pâques. Manuscrit
de Florence (Italie - XIIIe siècle). Ce manuscrit, écrit
à l'école de Notre-Dame de Paris sous le règne de
Philippe Le Bel dans une écriture non mesurée, a
été acheté au XVe siècle par le père
de Laurent de Médicis, Piero il gottoso. C'est le manuscrit le
plus complet de l’École polyphonique de Notre-Dame:
près de huit cent pièces dont celle-ci est une des plus
développées.
Mode de sol / G / transcription: Anne-Marie Deschamps.
15. ANGELUS DOMINI DESCENDIT DE CELO
Offertoire du Temps pascal. Interprétation d'après les
neumes du manuscrit de Laon (France IXe s.)
Mode de sol / G / Edition Solesmes.
16. IN CONSPECTU ANGELORUM
Répons pour la fête de saint Michel, archange (France, Xe
siècle).
Mode de sol / G / Editions Solesmes.
17. ALLELUIA! IN CONSPECTU ANGELORUM
Organum à deux parties pour la fête de saint Michel,
archange.
Manuscrit de Wolfenbüttel (Allemagne - XIIIe siècle)
Mode de ré / D / transcription: Anne-Marie Deschamps.
18. GLORIA
Le Gloria est appelé "hymne chérubique" parce qu'il est
chanté par les anges en présence des bergers lors de la
Nativité (Lc II, 14). Version polyphonique à trois voix
du manuscrit de Worcester (Angleterre - XIIIe siècle).
Mode de sol / G / transcription: Anne-Marie Deschamps.
GLOSSAIRE
Antienne
Court prélude qui encadre un psaume et en annonce le mode. Les
antiennes donnent la "couleur" de la fête qui est
célébrée. C'est la manifestation du
présent, par rapport au psaume qui est éternel. La
musique des antiennes épouse le texte d'une façon
quasiment lyrique.
Motet
Forme musicale dans laquelle sont superposés un ou plusieurs
textes différents avec leur mélodie propre sur un
thème liturgique traditionnel ("teneur").
Organum
Sur une base liturgique connue, une ou plusieurs voix "s'organisent" en
se différenciant, "point-contre-point", c'est-à-dire
note-contre-note, d'où le mot "contrepoint". Dans l'organum
à vocalises, la teneur, exécutée par un ensemble,
en valeurs très étirées, est "fleurie" par les
mélismes du soliste, improvisés à l'origine.
Répons
Pièce de forme A-B-A, peut-être l'origine de toutes les
formes musicales de ce type. Le répons est plus ou moins
développé selon sa destination liturgique.