medieval.org
L'empreinte digitale ED 13023
1993
1. Nostra phalanx plaudat [2:47]
cc 95
hymne en conduit à 3 - ATON, évêque des Troyens [Troyes]
2. Congaudeant catholici [4:24]
cc 96
hymne à 3 - Maître ALBERT des Parisiens
3. Gratulantes celebremus [1:20]
cc 97
trope de Benedicamus à 2 - Maître GOSSELIN, évêque des Soissonnais
4. Ad superni regis decus [2:38]
cc 98
conduit en déchant - Maître AUBRY, archevêque des Berruyers [Bourges]
5. Annua gaudia [2:17]
cc 99
Maître AIRARD des Vezéliens [Vézelay]
6. Jacobe sancte [5:42]
cc 100
conduit en déchant à 2 - ANTIQUUS, évêque bénéventin
7. Regi perhennis glorie [3:53]
cc 101
Maître GAUTHIER de Château-Renard
8. Vox nostra resonet [1:15]
cc 102
trope de Benedicamus - Maître JEAN le Légiste
9. Dum esset - Sicut enim [4:11]
cc 103
répons en organum - ATON, évêque des Troyens
10. Huic Jacobo - Tristis est anima mea [4:26]
cc 104
répons en organum - ATON, évêque des Troyens
11. Jacobo virginei - Tu prece [4:38]
cc 105
répons en organum - ATON, évêque des Troyens
12. O adjutor omnium seculorum [6:22]
cc 106
répons en organum - ATON, évêque des Troyens
13. Portum in ultimo da nobis iudicio [2:09]
cc 107
prose en déchant - ATON, évêque des Troyens
14. Kyrie 'Rex inmense' [2:26]
cc 108
trope de Kyrie - FULBERT, évêque des Carnutes [Chartres]
15. In hac die laudes cum gaudio [6:39]
cc 82
conduit en déchant - FULBERT, évêque des Carnutes
16. Misit Herodes [4:21]
cc 109
graduel de la messe de Saint Jacques - ATON, évêque des Troyens
17. Alleuia! vocavit [4:04]
cc 110
organum - GOSSELIN, évêque des Soissonnais
18. Kyrie 'Cunctipotens genitor' [3:23]
cc 111
GAUTHIER de Château-Renard
19. Benedicamus domino I [1:20]
cc 112
organum - GAUTHIER de Château-Renard
20. Benedicamus domino II [1:18]
cc 113
organum - Maître DROARD des Troyens
21. Benedicamus domino III [0:54]
cc 114
organum - Maître DROARD des Troyens
ENSEMBLE VENANCE FORTUNAT
Anne-Marie Deschamps
Adrian Brand, ténor
Bruno Renhold, ténor
Gabriel Lacascade, baryton
Philippe Desandré,
basse
Paul Medoni, basse
Antoine Sicot, basse
Jean-Luc Héaulme, enfant
Ⓟ 1993 Production l'empreinte digitale
Prise de son et montage Maurice Salaün, assisté d'Emmanuel Angrand, Paris,
juillet 1993
direction de production : Catherine Peillon
direction musicale : Philippe Leroux
AVEC LE SOUTIEN DE LA FONDATION FRANCE TÉLECOM, DE L'ADAMI ET DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SARTHE.
Le grand livre de saint Jacques de Compostelle Venance Fortunat
COPSI / l'empreinte digitale
Domaine de la Garde - Route de Berre - 13510 Eguilles
Toutes ces pièces sont interprétées d'après
une transcription originale d'Anne-Marie Deschamps qui a obtenu en 1985
une bourse de recherche du Ministère de la culture pour
l'étude du Codex calixtinus.
Nous tenons à remercier pour leurs travaux ou leur concours :
Manuel C. Diaz y Diaz ; Diaz Femandez, archiviste de la
cathédrale de Santiago ; Michel Huglo ; Alison Stone ; Padre
Lopez Calo; Lucien Bertolina.
Traductions : Michel Mendez, Jeanne Krochalis, Ilse Baltzer et Alpha-langues
Couverture : la voie lactée © Copsi
L'empreinte digitale ED 13023
C'est au VIIe siècle, que selon la légende, une
étoile avait indiqué à des bergers où se
trouvait le tombeau de saint Jacques, fils de
Zébédée, décapité par Hérode
en 43 Jérusalem. De là, le nom de Compostelle, Campus
stellae, champ de l'étoile.
According to legend, it was in the VIIth, that a star led some
shepherds to the tomb of St James, son of Zebedee, who had been
beheaded by Herod in Jerusalem in 43. The name Compostela, from the
latin “campus stellae” (field of the star), originates here.
Le grand livre de saint-Jacques de Compostelle
intégrale des polyphonies
Le XIIe siècle nous est révélé par les
innombrables édifices, aujourd'hui restaurés, qu'il a
produit. Les pierres de ces édifices étaient
ajustées pour résonner d'une musique qui demeure sur bien
des points énigmatique, tant il est vrai que plus
l'époque considérée est lointaine, plus les
intentions des codes d'écriture nous échappent, plus
aussi il est difficile de retrouver les “couleurs” des sons
imprégnant les mémoires du temps et le sens que ces sons
représentaient pour des consciences aussi
éloignées des nôtres. Au cœur de la floraison
des témoins musicaux du XIIe siècle - héritiers
des écoles de Saint-Martial-de-Limoges, Moissac,
Saint-Benoît-sur-Loire, Saint-Victor et Notre-Dame-de-Paris -
deux chaînons manquants aiguillonnent la curiosité des
chercheurs: le LIBER SANCTI JACOBI de Saint-Jacques-de-Compostelle et
le Magnus Liber de Léonin.
Ces livres ne nous sont connus que par l'attestation d'un
théoricien tardif et par des copies suffisamment
différentes entre elles pour faire penser qu'à partir de
ces livres archétypiques, au sort mystérieux, chaque
copie, faite dans un but spécifique, a probablement
été l'occasion de recomposer un autre livre.
L'histoire, la science et la légende tournent autour du
témoin le plus complet que l'on ait du Livre de Saint Jacques:
le Codex Calixtinus, enfermé depuis des siècles dans une
tour de la cathédrale de Compostelle. Il est confondu
quelquefois avec le livre initial dont il est la copie, à tel
point qu'on lui donne souvent le sigle LSI: le Liber Sancti Iacobi
lui-même. La date de sa copie est connue maintenant, probablement
l'année 1173: la partie polyphonique prévue en 1173 a
été copiée plus tard.
Le Codex Calixtinus est appelé ainsi en raison de la lettre
apocryphe du pape Calixte II qui préface les cinq livres
rassemblés dans ce Codex. Ce pape, qui organisa la paix et
accéléra la réforme de l'Église, naquit en
Bourgogne au milieu du Xle siède et fut archevêque de
Vienne en Dauphiné jusqu'en 1119. Le Codex comprend cinq livres:
Sermons et offices en l'honneur de saint Jacques, Livre des miracles,
Livre de la translation des reliques du saint, Geste de Charlemagne,
Guide du Pèlerin et, en appendice, les polyphonies.
Sur le plan musical le Codex Calixtinus de Compostelle est une
compilation des meilleures pièces existant au XIIe siècle
dans la période précédant celle appelée
“Ars Antigua”. Il témoigne de l'esprit de fête d'une
époque et d'un lieu où le sacré stimulait la
mémoire et l'inspiration créatrice.
Contrairement à ce que l'on pense de l'anonymat au Moyen Age,
chaque pièce porte en rubrique le nom d'un auteur
présumé. Ces attributions rendaient hommage à des
personnages célèbres qui assuraient ainsi le
sérieux de l’œuvre. La plupart des “auteurs” sont
français, soit bien antérieurs (Venance Fortunat, VIe s.
/ Fulbert de Chartres, XIe s.) soit contemporains du manuscrit et
souvent révélés par lui. Dans les parties
polyphoniques cependant, les attributions semblent musicalement
cohérentes.
Les “auteurs” sont pour la plupart évêques ou “magister”
de cathédrales situées sur la route des grands
marchés, de Troyes à Vézelay en passant par Nevers
et Bourges. Indice remarquable pour l'identification du manuscrit:
l'écriture musicale serait celle de Nevers.
Quoiqu'il en soit cette copie aurait été faite pour
l'usage de Saint-Jacques-de-Compostelle probablement sous l'influence
d'un prêtre de Saint-Jacques d'Asquins (sous Vézelay),
Olivier, et de cet Aymeri Picaud à qui est attribué le
Guide du Pèlerin.
Il a été prouvé que les polyphonies,
copiées après les autres livres, étaient cependant
prévues dès le début dans l'organisation du Codex.
Musicalement et rituellement elles sont en relation directe avec le
Livre I, Sermons et offices en l'honneur de saint Jacques, à
l'intérieur desquels elles étaient insérées
pour solenniser les festivités. Elles révèlent un
très haut niveau de culture vocale et une indéniable
perfection contrapunctique. Plusieurs ont probablement
été composées directement pour la polyphonie par
mouvement contraire, sans cantus firmus, à la manière de
certains conduits. Dans chacune, des formules mélodiques
identiques sont agencées de façons variées,
donnant son autonomie à chaque pièce.
Ce disque présente l'intégralité des polyphonies
du Codex Calixtinus qui se trouvent dans l'appendice du Codex. Elles
sont chantées selon l'ordre exact et les rubriques du manuscrit
(ici un enfant fait cela, ici un chœur, ici des solistes, ...).
Ce sont des hymnes, des répons, des offices de nuit, des parties
de la messe et, surtout, des Benedicamus Domino, tropés ou non.
Les polyphonies dont le cantus firmus se trouve au Livre I sont
interprétées, comme cela se faisait,
enchâssées dans leur monodie.
Cette musique démontre à quel point les harmoniques des
voix graves ont généré l'harmonie qui est devenue
la base de toute la musique.
J'ai voulu faire entendre l'énergie de l'exaltation et de
l'intériorisation contenue dans ces chants.
Anne-Marie Deschamps
The great book of Santiago de Compostela
Anne-Marie Deschamps
Toutes ces pièces laissent les réponses au chœur et équilibrent les fonctions de chacun, soliste et chœur.
Elles étaient probablement chantées pour la plupart à pleine voix étant donné les dimensions du lieu et le nombre de pèlerins,
par des moines-artistes confirmés, pour l'édification des auditeurs.
1. NOSTRA PHALANX
Nostra phalanx plaudat leta hac in die qua athleta
2. CONGAUDEANT
Congaudeant catholici letentur cives celici
3. GRATULANTES
Gratulantes celebremus festum diem luce divina honestum.
4. AD SUPERNI REGIS DECUS
Ad superni regis decus qui continet omnia
5. ANNUA GAUDIA
Annua gaudia Iacobe debita sunt tibi danda
6. JACOBE SANCTE
Jacobe sancte tuum repetito tempore festum
7. REGI PERHENNIS GLORIE
Regi perhennis glorie sit canticum letitie
8. VOX NOSTRA RESONET
Vox nostra resonet Jacobi intonet laudes creatori
9. DUM ESSET / SICUT ENIM
R/ Dum esset Salvator in monte imponens aptissima nomina discipulis
suis, vocavit Iacobum et Johannem Boanerges, quod est filii tonitrui.
10. HUIC IACOBO / TRISTIS EST ANIMA MEA
R/Huic Iacobo conduisit Dominus tempore passionis sue, velut karus karo
suo mesticiam carnis sue ostendens ei et dicens
11. JACOBE VIRGINEI / TU PRECE (fol. 188 rº / mono: 110
rº) 8e ton.
R/ Jacobe virginei frater preciose Johannis, qui pius Ermogenem
revocasti corde ferocem, ex mundi viciis ad honorem cunctipotentis.
12. O ADJUTOR
R/ O adjutor omnium seculorum! O decus apostolorum! O lux clara
gallecianorum! O advocate peregrinorum, Iacobe, supplantator viciorum:
13. PORTUM IN ULTIMO
Portum in ultimo da nobis iudicio
14. KYRIE REX IMMENSE
Rex immense pater pie, eleyson
15. IN HAC DIE
In hac die laudes cum gaudio demus summi factors filio
16. MISIT HERODES
R/ Misit Herodes rex manus ut affligeret quosdam de ecdesia.
17. ALLELUIA! VOCAVIT JESUS
Alleluia! Vocavit Ihesus Iacobum Zebedei et lohannem fratrem eius et
imposuit eis nomina Boanerges, quod est filii tonitrui.
18. KYRIE CUNCTIPOTENS GENITOR
Cunctipotens genitor Deus omni creator, eleyson
19. BENEDICAMUS DOMINO I
Benedicamus Domino
20. BENEDICAMUS DOMINO II
the complete series of polyphonies
We know about the 12th century from innumerable buildings; architecture
constructed to resound with a music that today remains enigmatic. It is
a remote era, and the aims of the methods of composition remain
unclear. It is difficult to determine the “colours” of
the sounds, and the meaning they had in the consciousness of the time.
The LIBER SANCTI JACOBI by Santiago de Compostela and the Magnus Liber
by Léonin are counted among the musical manifestations of this
century, and inherited much from the schools of
Saint-Martial-de-Limoges, Moissac, Saint-Benoît-sur-Loire,
Saint-Victor and Notre-Dame-de-Paris, but they remain mysterious. They
are only known to us from the subsequent attestation of a theorist, and
from copies so different that it is believed each one was created with
a specific objective. It is as if the aim was to use these archetypal
books to recompose other books.
History, legends and research concentrate on the most complete account
of the Book of Santiago de Compostela: the Codex Calixtinus. The Codex
owes its name to the apocryphal letter from Pope Calixtus II, prefacing
the five books it contains. Calixtus II was born in Burgundy in the
middle of the 11th century. He organised peace, accelerated reform of
the Church and was archbishop of Vienne in the Dauphiné region
until 1119.
This Codex was probably copied in 1173 and kept for centuries in a
tower of the Compostela cathedral. It is sometimes confused with the
initial book, to the extent that it is referred to by the initials LSI:
Liber Sancti Iacobi.
On the musical level, the Compostela Codex Calixtinus is a compilation
of the best 12th century works prior to the “Ars Antiqua” period. It
bears witness to a celebratory spirit, in a time when the sacred
stimulated creative inspiration and memory.
The codex consists of five books: Sermons and services in honour of
Saint James, the Book of miracles, the Book for transfer of the saint's
relics, a collection of epic pieces centred around Charlemagne, and the
Pilgrim's Guide. The polyphonies are in an appendix, and were intended
to be included in the structure of the Codex from the beginning, but
copied only later.
It seems that this copy was made for the use of Santiago de Compostela,
probably due to the influence of a priest from Saint-Jacques d'Asquins
called Olivier and a certain Aymeri Picaud, to whom the Pilgrim's Guide
is attributed.
In terms of music and ritual the polyphonies are directly related to
Book I of masses and services, and were inserted to solemnize them.
They show a very high level of vocal development and unquestionable
contrapuntal perfection. Several were probably directly composed for
polyphony by contrary movement with cantus firmus, in the same way as
certain conductus pieces. The melodic formulae are identical but are
presented in different ways, giving each work a certain autonomy. Each
piece bears the name of a presumed author in its rubric. These
dedications paid homage to a famous person, to guarantee the
seriousness of the work. Most of the “authors” are french, either
predating (Venance Fortunat in the 6th century, Fulbert de Chartres in
the 11th century) or contemporary with the manuscript, which is often
the only known reference to these figures.
The “authors” are mainly bishops or “magisters” from cathedrals located
on the routes to major markets, from Troyes to Vézelay, passing
through Nevers and Bourges.
All the pieces are interpreted according to an original transcription
by Anne-Marie Deschamps (Research grant from the Ministry of Culture
for study of the Codex Calixtinus).
This disk presents the entire series of polyphonies from the Codex
Calixtinus. They are sung according to the exact order and rubrics of
the manuscript. They are hymns, responses, evening prayers, parts of
the mass and in particular several Benedicamus Domino, some of which
are troped. The polyphonies whose cantus firmus is in Book I are
interpreted in sequence in their monody, as was the custom.
This music demonstrates how the harmonics of the bass voices generated
harmony, which subsequently became the basis for all music. I wanted
people to hear the energy of the exaltation and interiorization
contained in this singing.
All these pieces leave the responses to the choir and ensure balance between the soloist and the choir.
They were probably mostly sung by experienced monk-singers as loudly as possible because of the size of the location
and the number of pilgrims, the aim being to enlighten the listeners.
(fol. 185 rº)
Hymne en conduit à deux voix attribuée à “Aton,
évêque des Troyens” (évêque de Troyes en
1123, † Cluny le 29 août 1145). Il est remarquable que
l'appendice polyphonique s'ouvre sur une pièce attribuée
à cet Aton de Troyes, auteur le plus cité dans cette
partie du Codex.
Hymn in conductus for two voices by “Aton, bishop of the Troyens”, Bishop of Troyes in 1123,
deceased in Cluny on 29th August 1145. He is the most frequently quoted author in this part of the Codex.
Christi gaudet sine meta Iacobus in gloria
Angelorum in curia.
Quem Herodes decollavit et idcirco coronavit
ilium Christus et deravit in celesti patria
Angelorum in curia.
Cujus corpus tumulatur et a multis visitatur
et per illud eis datur salus in Gallecia
Angelorum in curia.
Ergo festum celebrantes eius melos decantantes
persolvamus venerantes dulces laudes Domino
Angelorum in curia.
(fol. 185 vº)
“Maître Albert des Parisiens” (chantre à Notre-Dame —2e
moitié du XIIe s.— a assisté au couronnement de Louis
VII, croisé à Vézelay).
Seul exemple connu à nos jours de chant à trois voix au
XIIe siècle. Cette hymne semble en réalité avoir
été composée à deux parties
(inférieure et supérieure); une voix est
intercalée plus tard entre les deux autres qu'elle croise
tantôt au grave tantôt l'aigu. Nous l'avons
interprétée selon les différentes combinaisons
possibles.
“Master Albert of the Parisians”, cantor at Notre-Dame —2nd half of the 12th century—
present at the coronation of Louis VII, departed on a crusade at Vézelay.
The only known example of a song for three voices in the 12th century.
This hymn in fact seems to have been composed in two parts (upper and lower).
Later, another voice was inserted between the two others and crosses them,
sometimes higher-pitched, sometimes lower-pitched.
Here it is sung with the different possible combinations.
die ista
Clerus pulcris carminibus studeat atque cantibus
die ista
Hec est dies laudabilis divina luce nobilis
die ista
Qua Iacobus palacia ascendit ad celestia
die ista
Vincens Herodis gladium accepit vite bravium
die ista
Ergo carenti termino benedicamus Domino
die ista
Magno patri familias solvamus laudis gratias
die ista
(fol. 185 v°)
Trope de Benedicamus en déchant à deux voix
attribué à “Maître Gosselin, évêque des
Soissonnais” (†1126). Cette pièce, comme l'Alleluia
vocavit attribué au même Gosselin, semble avoir
été “écrite” directement pour la polyphonie.
Benedicamus trope in descant for two voices by “Master Gosselin, bishop of the Soissonnais” (died 1126).
Like the Alleluia vocavit attributed to the same author, this piece seems to have been written directly for polyphony.
Hec est dies Iacobi insignis illustrata signis eius dignis.
Quem precamur ducat ut ad celos decantantes eius Christo melos.
Suscipiens graciam de cells benedicat ergo plebs fidelis Domino.
(fol 185 vº- 186 rº)
Conduit en déchant attribué à “Maître Aubry,
archevêque des Berruyers” (Bourges - †1141).
Le punctum contra punctum (contrepoint) parfait de cette œuvre se
termine à chaque phrase par un pneuma (sur le souffle) qui fait
jouer très habilement les deux voix sur la même formule
décalée d'un son.
Descant conductus by “Master Aubry, archbishop of the Berruyers” (Bourges - died 1141).
At the end of each phrase, this work's perfect “punctum contra punctum” (counterpoint)
ends with a “pneuma” (on the breath) which skilfully combines the two voices on the same formula offset by one note.
Celebremus leti tua Iacobe solemnia.
Secus litus Galilee contempsisti propria
Sequens Christum predicasti ipsius imperia.
Tu petisti iuxta Christum tunc sedere nescius
Sed nunc sedes in cohorte duodena alcius.
Protomartyr duodenus fuisti in patria
Primam sedem duodenam possides in gloria.
Fac nos ergo interesse polo absque termino
Ut mens nostra regi regum benedicat Domino.
(fol. 186 v°)
“Maître Airard des Vézeliens” (Vézelay). Cet auteur
présumé n'est pas mentionné dans les monumenta
Viziliacensia. Il demeure inconnu à ce jour. Cependant il ne
faut pas négliger le clin d’œil à
l'église de Vézelay, sœur de Saint-Jacques,
puisqu'elles furent dédicacées le même jour.
“Master Airard of the Vézoliens” (Vézelay).
This presumed author is not mentioned in the monumenta Viziliacensla
and remains unknown to this day. Here we can see an allusion to the church at Vézelay,
the sister church to Santiago, since they were dedicated on the same day.
Organa dulcia convenientia sunt resonanda.
Et tua celica fada perhennia sunt referenda
Organa ...
Hec quoque splendida secla per omnia sunt memoranda
Organa ...
Tam pia tam bona tam rata dogmata sunt imitanda
Organa ...
Hec sacra commoda florida fulgida sunt adamanda
Organa ...
(fol. 186 v° - 187 r° / monodie: 131 rº)
Conduit en déchant à deux voix attribué à
“Antiquus, évêque bénéventin”.
A la 4e strophe une rubrique indique “perge retro” (se reporter en
arrière pour les autres couplets) ce qui nous renvoie au folio
131 r° dans la partie monodique du Codex où la
deuxième voix rajoutée à l'encre rouge est
sensiblement différente de celle des folios 186 vº et 187
r°. Une autre rubrique (folio 131 r°) indique “un enfant
répète ceci (le refrain) se tenant debout entre deux
chantres.” Ce conduit se chantait donc “en place”.
Descant conductus for two voices by “Antiquus, bishop of Benevento”.
The 4th verse has a rubric “perge retro” referring back to folio 131 recto
in the monodic part of the Codex where the second voice added in red ink is
noticeably different from that of folios 186 verso and 187 recto.
Mother rubric (folio 131 recto) indicates “a child repeats this (the chorus)
standing between two cantors”. This conductas was therefore sung “on the spot”.
Fac preclues celo colentes
Invitat claros populum celebrare triumphos
Fac ...
Psallimus ecce Deo grates meritas referendo
Fac ...
Qui tibi splendifluum concessit scandere celum
Fac ...
Forcia mortalis contempnens vulnera carnis
Fac ...
Ut tibi perpetuus vite succederet usus
Fac ...
Sit memor unde tui recolunt qui gaudia testi
Fac ...
Ut factor famulos et serves pastor alumpnos
Fac ...
Qua propter regi regum Benedicamus Domino.
(fol. 187 rº / mono: 139 vº)
“Maître Gauthier de Château-Renard fit ce déchant”.
La version monodique de cette hymne serait d'un “certain docteur
galicien” antérieur de plusieurs siècles. Ce Gauthier,
auteur” également de la deuxième voix du Kyrie
cunctipotens genitor, a déployé une grande
subtilité vocale sur des thèmes très courants du
répertoire.
“Master Gauthier of Château-Renard made this descant”.
The monodic version of this hymn is said to have been composed by a “certain Galician doctor”,
several centuries beforehand. This Gauthier was also the “author”
of the second voice in the Kyrie cunctipotens genitor,
and showed great vocal subtlety on very common themes in the repertoire.
Qui triumphum victorie Iacobo dedit hodie
Decoravit Yspaniam Jacobus et Galleciam
Illamque gentem impiam Christi fecit ecclesiam
Tandem pro Dei filio sub Herodis imperio
Se obtulit martyrio. Benedicamus Domino.
Nam Herodis insania furens in Christi menia
Stimulante superbia eius odit collegia
Ad sui damni cumulum Iacobum Dei famulum
Vera docentem populum decollavit apostolum.
Sic manus regis impias superavit et furias,
Quia sedes ethereas ascendit. Deo gratias.
(fol. 187 v°)
Trope de Benedicamus attribué à un “Maître Jean le
Légiste” (ou Jean Laloy) inconnu à ce jour.
Le manuscrit ne note la deuxième voix que sur le premier couplet
de cette hymne dansante par l'agencement des accents du texte. Cette
voix sonne dans la tradition de l'École de Saint-Martial.
Benedicamus trope attributed to “Master Jean Le Légiste” (or Jean Laloy),
unknown to this day. The manuscript only shows the second voice
on the first verse of this dancing hymn by including accents in the text.
This voice is similar to the tradition of the Saint-Martial school.
Clerus cum organo et plebs curs tympano cantet redemptori
Carmine debito psallat paraclito id est solatori
Hoc omnes termino laudes in cantico dicamus Domino.
(fol. 187 vº - 188 r°/ mono: 107 v°) Ton 2.
Répons en organum fleuri attribué à “Maître
Aton, évêque des Troyens”.
Avec ce répons commencent les grandes compositions
attribuées à cet évêque. Toutes ces
compositions sur cantus firmus montrent une adéquation parfaite
des mélismes et du texte: grand respect de la monodie
traditionnelle et invention mélodique intense.
Response in florid organum by “Master Aton, bishop of the Troyens”.
This response is the first of the major compositions attributed to this bishop.
All these cantus firmus compositions demonstrate
the perfect appropriateness of the melisma and texts,
great respect for traditional monody and intense melodic invention.
V/ Sicut enim vox tonitrui in rota mundi sonat, sic in omnem terram
exivit sonus predicacionum beati Jacobi, quod est filii tonitrui.
(fol. 188 r°/ mono: 109 vº - 110 r°) Mode de Ré.
Répons en organum fleuri attribué au “même Aton”.
Exemple du grand ambitus vocal demandé par les pièces de
Aton de Troyes. Ala même époque seule Hildegarde de Bingen
dépasse cette échelle sonore.
Response in florid organum by the same “Aton”.
An example of the large vocal ambitus required for pieces written by Aton.
During the same period, only Hildegarde de Bingen surpasses this vocal scale.
V/ Tristis est anima mea usque ad mortem.
Répons en organum fleuri attribué au “même Aton”.
La monodie au Livre 1 est tirée d'un sermon du “seigneur
Guilelmo, patriarche de Jérusalem”.
Response in florid organum by the same “Aton”.
The monody in Book I is taken from a sermon by “lord Guilelmo, patriarch of Jerusalem”.
V/ Tu prece continua pro nobis omnibus ora, qui pius Ermogenem
revocasti corde ferocem, ex mundi viciis ad honorem cunctipotentis
V/ Gloria Patri almo natoque, flamini sancto ad honorem cunctipotentis
(fol. 188 r°-vº / mono: 110 rº) Mode de Ré.
Répons en organum fleuri attribué au “même Aton”.
Une rubrique du Livre I sur la monodie indique qu'elle fut
composée par un homme qui, revenant de pèlerinage
à Jérusalem, fut sauvé du péril de la mer
par le bienheureux Jacques.
Response in florid organum by the same “Aton”. In D.
A rubric from Book I on the monody indicates it was composed
by a man who during his return journey from a pilgrimage to Jerusalem
was saved from the perils of the sea by the blessed James.
solve nostrorum catenas delictorum et duc nos ad salutis portum.
V/ Oui subvenis periclitantibus ad te clamantibus tam in mari quam in
terra, succure nobis nunc et in periculo mortis.
(fol 188 vº - 189 r°)
Prose en déchant attribuée au “même Aton”.
Probablement composée directement en polyphonie. C'est le
même dialogue constant avec la mort que dans la pièce 10,
mais ici sous une forme apaisée. Le dépassement de la
peur de la mort et du jugement fait partie de la notion de
pèlerinage.
Prose in descant by the same “Aton”.
Probably composed directly in polyphony.
It expresses the same constant dialogue with death as in piece no. 10,
but here it takes a calmer form.
The overcoming of the fear of death and judgement
is an integral part of the concept of pilgrimage.
Ita ut cum Deo carenti principio
Et cum eius nato qui est sine termino
Et cum paraclito ab utroque edito
Expulsi a tetro tartareo puteo
Angelorum choro coniuncti sanctissimo
Purgati vicio, potiti gaudio,
Cum vite premio, te duce patrono
Intremus cum pio
paradisi voto
Ortum.
(fol 189 r°)
Trope de Kyrie attribué à “Fulbert, évêque
des Carnutes” (Chartres - † 1029).
Ce trope de Kyrie sous sa forme monodique au folio 134 clôt la
messe farcie attribuée à Fulbert de Chartres ainsi que le
livre I. Le dédiant pourrait être sinon de Fulbert
lui-même, du moins de son grand chantre Sigon, fort expert
à “organiser”. Fulbert est appelé ici illustri viro.
Kyrie trope by “Fulbert, bishop of the Carnutes” (Chartres - died 1029).
In its monodic form, this Kyrie trope in folio 134 concludes the mass
attributed to Fulbert de Chartres, as well as Book 1.
If the descant is not by Fulbert himself, it may be by his great cantor
Sigon, a great organum expert. Here, Fulbert is called illustri viro.
Sother Theos athanatos, eleyson
Palmo cuncta qui concludis, eleyson
Christe Fili Patri summi, eleyson
Qui de celis descendisti, eleyson
Tuum plasma redemisti, eleyson
Consolator dulcis amor, eleyson
Qui Iacobum illustrasti, eleyson
Cujus prece nobis parce, eleyson
(fol 131 v°)
Conduit en déchant à deux voix attribué à
Fulbert, évêque des Carnutes”.
Nous avons introduit ce conduit ici, à cause de son attribution,
alors qu'il se trouve - à 2 voix dans la partie monodique
après le conduit Jacobe sancte. La rubrique précise “un
enfant marchant entre deux chantres répète ceci”, cette
procession a été exécutée par les chanteurs.
Descant conductus for two voices by “Fulbert bishop of the Carnutes”.
This conductus is placed here because it is attributed to Fulbert,
whereas in two voices it is located in the monodic part,
after the Jacobe sancte conductus. The rubric specifies
a child repeats this, walking between two cantors”.
This procession is executed by the singers.
Iacobe apostole sanctissime nos a matis erse piissime.
Hec est dies ceteris dignior orbe fulgens multis celebrior
Iacobe ...
Quia Iacobus scandit ad angelos splendens celo pangit Christi melos
Iacobe ...
Zebedei natus karissimus signa fecit mundo clarissimus
Iacobe ...
Cecis daudis levamen tribuit auxilium omnibus prebuit
Iacobe ...
De ultimo ergo iudicio perducat nos in celi solio
Iacobe ...
(fol. 189 rº - v° / mono: 119 vº)
Graduel de la messe de saint Jacques en organum fleuri attribué
à Aton.
Le graduel comme l'alleluia étaient des moments importants de
liaison texte-musique. Ils n'accompagnaient aucun mouvement et
étaient écoutés sans lamais être interrompus
comme pouvaient l'être les conduits.
Gradual for the Saint lames Mass in organum by Aton.
Like the alleluia, the gradual was an important moment in the link between text and music.
They did not accompany any movement, and were never interrupted, unlike the conductus.
V/ Occidit autem Iacobum fratrem lohannis gladio.
(fol. 189 v° / mono: 119 rº)
Organum fleuri attribué àGosselin, évêque
des Soissonnais”.
La monodie semble avoir été tirée de la
polyphonie, cas exceptionnel; elle a été placée
avec deux autres alleluia au choix dans la messe attribuée au
pape Calixte.
Sont attribuées à Gosselin (voir n° 3) les
pièces composées en polyphonie particulièrement
jubilatoires. Il s'agit ici véritablement de virtuosité.
Florid organum by “Gosselin, bishop of the Soissonnais”.
The monody seems to have been taken from the polyphony, an exceptional situation.
It was placed with one of two other alleluias in the mass attributed to Pope Calixtus.
The particularly joyful polyphonic pieces are attributed to Gosselin (see n° 3).
These are real virtuoso works.
(fol. 190r°) 2e ton.
Trope de Kyrie en organum fleuri attribué Gauthier (de
Château-Renard).
Ce Kyrie dont la teneur est au répertoire depuis le IXe
siècle est devenu symbole de la grande créativité
lyrique du XIIe siècle.
Kyrie trope in florid organum by Gauthier from Chateau-Renard. 2nd key.
The text of this Kyrie has been part of the repertoire since the 9 century,
and is a symbol of the great lyrical creativity of the 12th century.
Christe Dei forma virtus patrisque sophia, eleyson
Amborum sacrum spiramen nexus amorque, eleyson.
(fol. 190 rº) 2e ton.
Organum attribué à Gauthier
Sur une monodie du répertoire pour les fêtes solennelles.
Organum attributed to Gauthier 2nd ton.
On a monody in the repertoire for solemn celebrations.
Deo gratias
(fol 190 r°)
Organum attribué au “Maître Droard des Troyens”.
Sur une monodie du répertoire pour les fêtes des saints.
Organum by “Master Droard of the Troyens”. On a monody in the repertoire for the saints' days.
21. BENEDICAMUS DOMINO III
(fol 190 vº)
Organum attribué au même Droard.
Sur la monodie la plus brève du répertoire.
Organum by “Master Droard of the Troyens”. From the shorter monody in this repertoire.