Alleluia
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medieval.org
L'empreinte digitale ED 13150
compilación 2002
01 - Kyrie 'Eterne rex altissime, fons totius bonitatis'
· Manuscrit d'Apt [5:40] ED13060
02 - Alleluia! Vocavit Jesus · Codex
Callixtinus fol. 189 v° / mono: 119 r° [4:01]
ED13023
03 - Alleluia! Dies sanctificatus, de la messe de Noël
· 1er mode plagal, ton 2 [3:55] ED13036
04 - Alleluia! Angelus Domini · Organum pour
l'octave de Pâques. Ms de Florence [5:57] ED13006
05 - Kyrie · Manuscrit d'Apt [6:14]
ED13123
06 - O ignis spiritus paracliti · Hildegard
von BINGEN [6:43] ED13133
07 - Vidi aquam · Manuscrit d'Apt
[1:23] INÉDIT
08 - Alleluia! In exitu Israel · Manuscrit
d'Apt [2:34] INÉDIT
09 - Alleluia! Dulcis spina · Antiphonaire
cistercien du XIIe s. [2:08] ED13006
10 - Alleluia! Dies sanctificatus · Organum,
extrait d'un alleluia chartrain attribué à Sigon
[2:00] ED13006
11 - O qui fontem gratie · Manuscrit d'Apt
[6:38] INÉDIT
12 - Tibi laus · Manuscrit d'Apt
[3:22] INÉDIT
13 - Te Deum · Version à deux voix de
Gilles BINCHOIS [6:15] Les Trois Marie
14 - Alleluia! Angelus Domini · Organum
à deux parties, ms chartrains [1:36] ED13006
15 - Alleluia! Justus ut palma · Monodie
grégorienne, ton 1 et sequella d'un manuscrit aquitain
[4:06] ED13013
16 - Alleluia! Inter natos · Organum de
l'École Notre Dame de Paris, ms. de Florence (L'eau &
le Baptême) ED13060
Studio SM 12 17.46 Les Trois Marie 1989
ED13006 Chants des voûtes cisterciennes 1990
ED13013 Les Miracles de saint Nicolas 1991
ED13023 Le grand livre de saint-Jacques de Compostelle 1993
ED13036 Fulbert de Chartres 1994 (1989)
ED13060 L'eau & le Baptême 1996
ED13123 Altera Roma 2000
ED13133 Chants de l'amour divin 2001
soprani: Dominique Thibaudat (DT) Françoise Lévy
(FL) Catherine Heugel-Petit (CHP)
alti: Anna-Maria Garriga (AMG) Catherine Ravenne (CR) Laura
Gordiani (LG) Elisabeth Lagneau (EL)
haute-contre: Eric de Fontenay (EF)
ténors: Adrian Brand (AB) Michael Loughlin-Smith (MLS)
Alain Brumeau (ABR)
barytons: Bruno Renhold (BR) Gabriel Lacascade (GL) Patrice
Balter (PB)
basses: Philippe Desandré (PhD) Paul Medioni (PM) Antoine
Sicot (AS)
Enregistrements et montage: Maurice Salaün,
sauf 13, Michel Blanvillain;
4, 9, 10, 14, 15: Arnaud Girard
Notice: Philippe Leroux / Anne-Marie Deschamps
Direction de production: Catherine Peillon
ALLELUIA
anthologie Venance Fortunat, Anne-Marie Deschamps
Alleluia! (Loué soit Yah-L'éternel)
Si pour Aurélien de Réomé (musicologue du Xle
siècle), le chant sacré est «un absolu de
prière» (1), alleluia est l'absolu de la jubilation. C'est
le mot que l'homme partage avec les anges, ponctuation de bonheur dans
les psaumes, annonce de Noël à l'orée de la
chrétienté, ouverture du ciel dans l'Apocalypse. Alleluia
chanté «comme un bruit de tonnerre» par une foule
nombreuse, ou improvisé par un chantre créatif, par Sigon
à Chartres ou Hildegard à Bingen. Il a donné
à la musique la forme parfaite ABA, des milliers de fois suivie,
étirée, prolongée de séquences musicales ou
de trouvailles textuelles, avec mise en valeur, toujours, de la syllabe
«magique» qui donne à la voix sa plénitude:
alle-lu-ia.
(1) cité par Olivier Cullin dans Brève histoire de la
musique au Moyen-Age ed. Fayard, Les chemins de la musique.
Anne-Marie Deschamps
Alleluia!
Acclamation liturgique dont la plupart des traducteurs respecte la
forme hébraïque. Sa traduction serait «Louez Yah
[vé]!». On la découvre dans le cantique final du
livre de Tobie (1) dont elle amorce la dernière louange au Dieu
d'Israël. Mais on la trouve surtout au début ou à la
fin d'une vingtaine de psaumes (2).
La liturgie chrétienne, à l'instar de celle du Temple et
de la Jérusalem céleste, retient l'Alleluia comme formule
d'introduction ou de conclusion de nombreux versets, antiennes et
répons. Avant que l'usage de la cloche ne fût
répandu, l'Alleluia appelait les moines à la
prière comme le faisaient depuis longtemps les fidèles du
Dieu d'Israël.
(1) Tb 13, 17, 18.22 ou 23 selon les versions
(2) 106, 107, 111, 112, 113, 114, 116, 117, 118.13, 146, 147, 148, 149,
150 du texte hébreu, soit 104, 105, 106, 110, 111, 112, 113,
114, 115, 116, 117, 134, 135, 145, 146, 147, 148 et 150 de la Septante
et de la Vulgate.
Dictionnaire de la Bible, André-Marie Gérard ed. Robert
Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1989.
Au sujet de Venance Fortunat et du travail d'Anne-Marie Deschamps,
le point de vue de Philippe Leroux*
Le point de vue lorsque j'ai rencontré Anne-Marie Deschamps et
l'ensemble Venance Fortunat, je ne savais du grégorien que ce
que j'avais pu en percevoir à travers les interprétations
alors en usage. Ce magnifique travail paléographique qu'est le
graduel et l'antiphonaire de l'abbaye de Solesmes gardait pour moi tout
son mystère puisque je lisais cette musique avec mon pauvre
savoir solfégique. De même, ma connaissance des organum se
limitait aux diaphonies et à quelques grands organum
mélismatiques que je me chantais en valeur quasi égales.
Les informations complémentaires que m'a données
Anne-Marie sur ce répertoire furent pour moi une
révélation.
J'ai découvert tout d'abord que ces musiques étaient
pratiquées à leur époque par des chantres n'ayant
certainement pas à l'esprit cette religiosité un peu
larmoyante avec laquelle on chante en général ce
répertoire. On imagine aisément dans cette période
où Résurrection et Passion étaient bien
équilibrées, que ces femmes et ces hommes, parfois un peu
rustres, après de longues périodes de jeûnes, ne
chantaient pas les Alleluia avec componction et sentimentalisme.
L'autre aspect très important pour moi a été de
vérifier au travers de ce répertoire que la musique n'est
pas affaire de double-décimètre. Les neumes, et plus tard
les formules mélodiques qui en découleront, sont à
aborder davantage comme des figures temporelles où le
critère principal est leur configuration morphologique
plutôt que comme une suite discrète de notes et de valeurs
de durée mises bout à bout. De cette constatation
découle dans l'interprétation une souplesse de la ligne
et une lecture non arithmétique des rythmes de cette musique.
Ceci est d'ailleurs valable pour toute la musique polyphonique qui suit
car les musiciens de l'époque avaient reçu une formation
d'interprétation non métrique de ces musiques. Durant
cette période, c'est d'abord le texte qui imprime toute la
subtilité de son rythme à la musique. Si dans la suite de
l'histoire de la musique, le texte disparaît, il en
résulte quand même que deux croches ne feront jamais tout
à fait une noire comme nous l'ont montré plus
récemment les découvertes sur la perception musicale.
J'ai compris aussi cette technique extraordinaire de composition qu'est
le formulisme. Des agencements renouvelés de petites formules
mélodico-rythmiques permettent de faire du neuf avec de
l'ancien, ainsi que de s'inscrire dans une tradition sans tomber dans
l'habitude. Car si cette dernière fige toute attitude vitale
dans ce qu'elle a pu être à un moment donné, sans
tenir compte de l'évolution des êtres, des
sociétés, des conduites d'écoute..., la
première renouvelle le discours musical tout en étant
solidement enracinée dans les expériences heureuses de
nos prédécesseurs.
20 juin 2002
* Philippe Leroux est compositeur
1 - KYRIE "Eterne rex altissime, fons totius bonitatis"
DT - FL - AB - GL - PhD - AS
Manuscrit d'Apt, XIVe s. - transcription Amédée
Gastoué
Kyrie tropé à quatre parties de Fronciaco sur le Kyrie
cum jubilo pour les fêtes de la Vierge. C'est une composition
exemplaire où les quatre voix suivent des flux parallèles
chacune à son rythme.
Tandis que la teneur "Kyrie" est à la base, la voix du
ténor soliste peut se déployer.
Il semble que le XIVe s. commence vraiment à traiter cette
tessiture de façon "moderne".
2 - ALLELUIA! VOCAVIT IHESUS
AB - BR - GL - PhD - PM - AS
Codex Callixtinus fol. 189 v° / mono: 119 r°
Organum fleuri attribué è "Gosselin, évêque
des Soissonnais" . La monodie semble avoir été
tirée de la polyphonie, cas exceptionnel; elle a
été placée avec deux autres alleluia au choix dans
la messe attribuée au pape Calixte. Sont attribuées
à Gosselin (voir n° 3) les pièces composées en
polyphonie particulièrement jubilatoires. Il s'agit ici
véritablement de virtuosité.
3 - ALLELUIA! DIES SANCTIFICATUS de la messe de Noël
1er mode plagal (ton 2) monodie grégorienne (neumes de Laon).
Organum note-contre-note (contrepoint) du manuscrit 130 de Chartres,
XIe siècle. Proposition de transcription d'après les
neumes a campo aperto (sans ligne) d'A.-M. Deschamps.
DT-FL
4 - ALLELUIA! ANGELUS DOMINI (Florence)
DT - FL - CHP - ET - GL - AS - PhD
Mode de sol / transcription: Anne-Marie Deschamps.
Organum à deux parties pour l'octave de Pàques. Manuscrit
de Florence (Italie - XIIIe siècle). Ce manuscrit, écrit
à l'école de Notre-Dame de Paris sous le régne de
Philippe Le Bel dans une écriture non mesurée, a
été acheté au XVe siècle par le père
de Laurent de Médicis, Piero il gottoso. C'est le manuscrit le
plus complet de l'Ecole polyphonique de Notre-Dame: près de huit
cent pièces dont celle-ci est une des plus
développées.
5 - KYRIE
DT - FL - AG - LG - EL
Apt, Trésor de la Basilique Sainte-Anne, ms.16bis, f° 3v.
6 - O IGNIS SPIRITUS PARACLITI
DT - FL AG - LG - EL
Composition de Hildegard von Bingen pour les fêtes de la
Pentecôte - XIIe siècle. Ed. Otto Müller / Salzburg -
Traduction: Laurence Moulinier, Ed. La Différence.
7 - VIDI AQUAM
AS
Antienne pour l'aspersion de l'église (Ez 47/1 & 9).
8 - ALLELUIA! IN EXITU ISRAEL
DT - EL
Ps. 114 (E/S neumes d'Eseinheim, XIe siècle).
9 - ALLELUIA! DULCIS SPINA
DT - FL - CHP - ET - GL - AS - PhD
Mode de sol / transcription: Anne-Marie Deschamps.
Pour la fête de l'Exaltation de la Sainte-Couronne d'Epines.
Antiphonaire cistercien du XIIe siècle (Paris, BN ).
10 - ALLELUIA! DIES SANCTIFICATUS
DT - FL - CHP - ET - GL - AS - PhD
Mode de ré /transcription : Anne-Marie Deschamps
De la messe du Jour de Noël. Organum, extrait d'un alleluia
chartrain attribué à Sigon (Bernard a prêché
à Chartres la croisade en 1148). Manuscrit de Chartres (France,
XIe siècle)
11 - O QUI FONTEM GRATIE
GL - AB - DT - FL - PhD - AS
Transcription Anne-Marie Deschamps, d'après le manuscrit Plut.
29, Florence.
Grand conduit à deux voix qui se trouve dans les témoins
de l’École Notre-Dame de Paris à Florence, Madrid
et Wolfenbüttel, XIIIe - XIVe siècle. Forme à
refrain assez rare dans les conduits; celui-ci a pu accompagner une
grande procession. Écriture en déchant, strict sur le
texte, plus souple sur les vocalises. La musique s'appuie, semble-t-il,
plus sur les allitérations et les rimes que sur le nombre de
pieds des vers irréguliers.
12 - TIBI LAUS
DT - FL - AB - GL - PhD - AS
Manuscrit originaire de l'abbaye de Saint Maur-des-Fossés /
transcription: Michel
Huglo.
Hymne de saint Venance Fortunat pour le rituel des baptêmes, VIe'
siècle. On est frappé par l'énergie de
l'accentuation latine.
13 - TE DEUM
DT - FL - CR - GL - ABR - ET - AS
Version à deux voix de Gilles Binchois (†1460)
Mode de mi / transcription A.-M. Deschamps.
14 - ALLELUIA! ANGELUS DOMINI (Chartres)
DT - FL - CHP - ET - GL - AS - PhD
Mode de sol / transcription : A.-M. Deschamps.
Manuscrits chartrains (France, Xe & XIe siècles).
Polyphonie: manuscrits de Chartres (France XIe siècle).
Organum à deux parties en déchant, pour le temps pascal,
un des tout premiers exemples de polyphonie savante. Il est
attribué è Sigon, chantre, disciple de Fulbert de
Chartres.
15 - ALLELUIA! JUSTUS UT PALMA
DT - FL - CR - ET - GL -AS
Alleluia de la messe pour la fête de saint Nicolas. Monodie
grégorienne (ton 1 - Editions Solesmes) suivie d'une sequella
d'un manuscrit aquitain.
16 - ALLELUIA! INTER NATOS
DT - FL - AB - GL - PhD - AS
Organum de l'École Notre-Dame de Paris / Manuscrit de Florence,
XIIIe siècle.
La superbe vocalise finale sur le mot "lohanne” redonne une
nouvelle jeunesse à l'antique teneur qui quitte sa fonction de
pilier d'accompagnement pour "déborder" sur le chant du soliste.