Club du disque arabe - Les Artistes arabes associés AAA 001
(P) 1988
TUNISIE
CHANTS & RYTHMES
1. «SIDI MANSOUR » - JERRARI [5:56]
(viens à mon appel ô mon Seigneur)
2. «ZARZIS» - NA'AMA [4:55]
(Le charme des filles du sud)
DANSES DES VEILLEES DE GROÇONS
GROUPE DE ZLASS
3.«SALAH YA BOU HELLA» [5:22]
(Le saint habillé de lumière)
4. «KHALKHAL AICHA» [4:25]
(Aicha danse et on voit ses anneaux de pied)
5. «YA ZITOUNA» [6:47]
(Ils se sont tous ligués conte moi)
6. «JANI ELMERSOUL» [5:21]
(J'ai reçu ton messager et je ne sais que
répondre)
7. «ALLOMO» - HEDI HABBOUBA [5:25]
Lui; je l'aime, mais je déteste sa
mère)
8. « ELAIN ZARGA» - SALIM HALLALI [6:39]
(Les yeux bleus préoccupent mon esprit)
9. «AISSAOUA» [9:00]
(Musique thérapeutique)
10. «MRID FANI» - SALIHA ESSAGHIRA [7:49]
(Final de Nouba Malouf sur un poème
alphabétique)
Minutage totale : 59:40
#1-7, 9: D. P.
#8: AbdelKerim Lahbib
#10: D.P. arrangement Salah El Mahdi
(P) 1988
LA MUSIQUE EN TUNISIE
Depuis de nombreux siècles, les Beys de Tunis ont porté
un très grand intérêt à la musique du pays,
à tel point que s'instaura une véritable tradition selon
laquelle le Bey régnant et son prince héritier
créaient, l'un et l'autre, une école de musique dans leur
palais respectif et veillaient constamment à ses
activités et aux progrès de ses enseignements. Chaque
mardi, en plus des fêtes, chaque école devait
présenter une séance pour donner la mesure de ses
progrès. Cette tradition sera conservée jusqu'à la
fin du règne du Bey AHMED, en 1942.
Beaucoup de grands chanteurs et instrumentistes de talent ont
été formés dans ces écoles, tels que
AROUSSIA BROUTA, de l'école de MOHAMED ELHADY BEY, le pianiste
MOHAMED ELKADRI, de l'école de NACER BEY, le violoniste ALBERT
ABITBOL, de l'école de MOHAMED ELHABIB BEY. Des écoles
furent également créées dans les autres villes du
territoire en dehors des écoles traditionnelles que sont les
confréries religieuses qui ont joué le rôle de
véritables conservatoires pour la musique MALOUF. Les
confréries les plus répandues étaient la KADRIA,
la AISSAOUIA et la AZZOUZIA qui, au cours de leurs soirées
hebdomadaires, faisaient la promotion du patrimoine musical tunisien
à travers tous les quartiers de Tunis et sur le reste du
territoire.
On raconte qu'il existait aussi des boutiques
spécialisées où l'on pouvait acheter des cahiers
de chansons calligraphiées et y apprendre ce que ces cahiers
contenaient de TOUCHIAS et QACIDAS auprès du marchand qui,
à certaines heures devenait un professeur de musique.
Le Bey qui a fait le plus pour la musique tunisienne est le Bey MOHAMED
RACHID (1710- 1759) qui à donné son nom à
l'Institut de la RACHIDIA. C'est lui qui organisa la NOUBA tunisienne
selon la construction qu'elle connaît de nos jours. C'est sous
son règne que furent composés les morceaux qui viennent
s'intercaler entre les différentes partie de la NOUBA, ainsi que
la plus grande partie des TOUCHIAS. Il fera entrer l'influence turque
dans la musique traditionnelle par l'emprunt des modes turcs et de
l'instrumentation en incluant des morceaux entiers comme les BACHRAFS
mais composés dans le style tunisien.
Entre la fin du siècle dernier et le début de ce
siècle, la musique tunisienne a connu un grand nombre de
maîtres célèbres qui firent beaucoup pour sa
conservation et sa promotion auprès du public tunisien. Citons
en premier lieu, le Cheikh MOHAMED BEN ELHUSSEiN DRIR qui était
un chanteur de la SOULAMIA et possédait une grande connaissance
du MALOUF et un grand talent dans l'improvisation de QACIDAS. Il
appartenait à l'école de MOHAMED ELHABIB BEY. C'est lui
qui forma les chanteurs AZZOUZ SAMMAR, SADEK EL-FERGANI. Ce dernier a
participé au recueil de musique andalouse confetionné par
la RACHIDIA en 1940.
Le début de ce siècle a connu un autre grand maître
de la QACIDA et de la musique de scène, le Cheikh SALAMA
DOUFALI, grand chantre de la ZAOUIA CHAZLIA qui appartenait à
l'école du BEY MOHAMED NACER. De la même époque
sont le maître SADEK BENARFA, le Cheikh MOHAMED ELMGHIRBI, grand
joueur de luth, le Cheikh MOHAMED BENABDESSALAM et LALOU BECHICHA. De
cette époque encore, KHAILOU ESSAGHIR et HEDI QAMAN, deux
vilonistes célèbres, ARMED DERBEL, célèbre
par son jeu du RBAB, MOHAMED GHANEM, chef de la
délégation tunisienne au Congrès de la musique
arabe du Caire en 1932. Il y avait aussi le clarinettiste AZIZI
ABDERRAZAK qui adapta les modes de la musique arabe à cet
instrument occidental, il avait une grande aptitude a transposer sur
tous les tons les modes arabes qu'il jouait. AHMED TOUILI fut
célèbre à cette époque pour son jeu subtil
du TAR et pour ses chants religieux ainsi que sa grande connaissance du
MALOUF; il fut le maître de KHMEYES TERNAN. Malgré sa
cécité c'était un grand voyageur, il s'est rendu
à Istamboul en passant par Tripoli.
Il nous faut aussi parler de l'école de musique militaire qui,
à la fin du siècle dernier et au début de ce
siècle, a recueilli une grande partie du patrimoine national.
Elle a créé une méthode pour l'enseignement des
instruments en précisant l'échelle des modes en usage
à l'époque; le manuscrit dans lequel elle est
consignée est conservé actuellement à la RACHIDIA,
école créée en 1855 par AHMED BACHA, 1er qui a
fondé le premier orchestre militaire avec des cuivres, ouvrant
la porte à toutes les associations municipales qui se
créèrent un peu partout dont la HUSSEINIA, ALHILAL, la
NASSIRIYA, ALISLAMIA à Tunis même, ALASRIA à Sfax,
ASSAHILIYA à Sousse, jusqu'à couvrir totalement le
territoire. L'initiateur de ce mouvement fut AHMED BIJAOUI aidé
par MOHAMED BEN AHMED, AHMED DOUGAZ, TAHAR BEN GHAZALA, HASSAN TAJOURI,
AZZOUZ et HASSOUNA CHAF'I, HEDI CHENOUFI et CHADLY MEFTAH.
En ce qui concerne la musique et le chant MALOUF, le début de ce
siècle a connu la célébrité d'AHMED ELOUAFI
qui a enrichi ce patrimoine avec de nouvelles créations.
Né Tunis en 1850 dans une famille andalouse, il dut sa
première initiation au MALOUF à son père, le
Cheikh HMIDA ELOUAFI, célèbre par son
interprétation de la BORDA de BOUSSAIRI et d'autres chants
religieux. La BORDA était interprétée de
différentes façons, la plus connue était celle de
la confrérie QADRIA. On disait la BORDA avec accompagnement
(ALBORDA BISSANAY'E). Il a appris le MALOUF auprès de divers
maîtres, en premier lieu le maître du RABAB, BRIHEM TEBSI,
ensuite auprès de SAQESLI, le chef d'orchestre militaire et
auprès d'autres encore jusqu'à devenir un des plus grands
connaisseurs de Malouf et un très bon joueur de flûte. Il
a collaboré avec le Baron d'ERLANGER comme source pour son
ouvrage sur la musique arabe. Il avait une très vaste
connaissance des QACIDAS; de plus il avait appris tous les MOUWACHAHS
et les DAWRS en provenance d'Orient soit par l'intermédiaire des
troupes qui se produisaient à Tunis, soit par les disques
qu'enregistraient les maîtres d'Egypte tels que YOUCEF
MENIALAOUI, ABDELHAY HILMY et d'autres. Il a formé de nombreux
élèves dont ALI BANOUS et MOHAMED DERWICHE.
De cette génération, la personnalité la plus
marquante sera le Cheikh KHMEYES TARNAN, né en 1894 à
Bizerte. Après l'école coranique et l'école
primaire, où il fut l'élève de Abderrahman GUIGUA
qui, pendant les récréations, lui apprenait à
jouer d'un instrument appelé la CHEBBABA (flûte à
bec d'origine syrienne), il participera à des chorales (KADRIA,
MOULOUDIA, SOULAMIA). Il viendra résider à Tunis en 1917
et donnera des galas. Sa célébrité dans le domaine
artistique fera qu'il sera dispensé du service militaire par le
Bey Mohamed NACER. Il augmentera ses connaissances du MALOUF
auprès du maitre Ahmed TAOUILI qui l'initiera aussi au luth dont
il deviendra vite un virtuose, rivalisant avec les plus grands de
l'époque, Mohamed MGHIRBI, Lalou BEHICHA et Mohamed
BENABDSSALAM. Il créera un orchestre pour animer les
soirées privées et publiques; ses soirées
hebdomadaires au café MRABET seront le rendezvous des artistes
et des hommes de lettres. Il fera de fréquents voyages en
Allemagne pour enregistrer ses disques chez la société
Baidaphone, seul ou en accompagnement de HABIBA MESSIKA, de Mohamed
KADRI ou de Mohamed TRIKI. Il sera le premier à recevoir
l'enseignement du Cheikh Ali DERWICHE, que le Baron d'Erlanger fera
venir de Syrie et qui lui apprendra la notation. Auprès de lui,
il acquerra la connaissance des modes orientaux, ce qui lui ouvrira la
porte de la composition. Il participera au Congrès du Caire de
1932 comme membre de la délégation tunisienne. En 1934 il
sera l'un des créateurs de l'Institut de la RACHIDIA où
il sera engagé dés le debut comme professeur de chant et
participera à tous les travaux de cet institut, tant dans le
recuil du patrimoine que dans la composition de nouveaux BACHRAFS et
même de nouvelles NOUBAS telle que la NOUBA AL KHADRA dans le
mode NAHAWEND. Il composera aussi un grand nombre de MOUWACHAHS, de
QACIDAS et de chansons encore connues de nos jours.
KHMEYES TARNAN veillera toujours à la conservation du style
tunisien dans ses apports nouveaux à la musique traditionnelle.
Il jouera aussi un grand rôle dans la conservation du patrimoine
par l'enregistrement ou l'écriture et la promotion de cette
musique par l'Institut de la RACHIDIA dont il faisait diffuser tous les
concerts et par la création d'un orchestre à la
radiodiffusion pour la musique du MALOUF. c'est lui qui créera
aussi une méthode pour l'enseignement de la musique arabe
utilisée actuellement dans tous les conservatoires tunisiens. Il
mourra en 1964 après avoir rempli le rôle qu'il
s'était fixé: défendre et répandre la
musique arabe par tous les moyens.
A côté de cette musique savante transmise par les
générations du passé et enrichi au cours des
siècles par les apports de grands maîtres comme nous
l'avons vu précédemment, il existe une infinité de
genre populaires qui forment une autre tradition transmise depuis des
siècles et qui évoluent dans les couches populaires y
apportant la joie à défaut du plaisir intellectuel
qu'apporte au mélomane tunisien une NOUBA bien
exécutée.
De cette musique populaire citons d'abord le FONDO né à
la fin du siècle dernier et qui est un dérivé du
MALOUF en langue populaire qui exprime, dans des poèmes en
MALHOUN, les sentiments les plus profonds des populations campagnardes.
Dans ce poème divisé en strophes s'intercalent parfois
des AROUBIS, qui forment à eux seuls un genre d'origine
bédouine, voisins des STIKHBARS algériens et les
AÏTAS marocaines. Les compositeurs de FONDO sont très peu
connus et les œuvres chantées de nos jours par les plus
grands chanteurs et chanteuses du pays donnent l'impression de chansons
venues d'un lointain passé.
La musique tunisienne a emprunté à ses voisins tout un
répertoire qu'elle partage - patrimoine commun - avec
l'Algérie d'une part pour le genre chaouia et sétifien et
avec la Libye pour le genre tripolitain et fezzani.
Nous trouvons bien entendu dans cette tradition populaire toutes les
musiques de cérémonies, les musiques de danses, les
musiques de confréries qui, elles, dérivent presque
toutes du MALOUF, les musiques d'origine africaine répandues par
les troupes TRINGALI. Tous ces genres subissent l'influence de la mode
et s'enrichissent chaque jour par les apports des nouveaux compositeurs.
Les partisans de la musique égyptienne sont dominants y compris
dans la musique traditionnelle où ils découvrent
très tôt les DAWRS et MOUWACHAHS égyptiens, les
adoptent et les enrichissent à leur tout. Dans la chanson
populaire, cette influence est encore sensible de nos jours; beaucoup
de compositeurs se spécialisent dans la chanson oriental sur des
textes tunisiens. Dès les années 30, imitant des vedettes
orientales qui visitent Tunis, les compositeurs tunisiens se lancent
dans la chanson moderne d'influence européenne et c'est un
foisonnement de valses, de tangos et de rumbas qui envahit la chanson
tunisienne. C'est l'époque où brille l'étoile de
HEDI JOUINI, mais l'influence égyptienne continue à
dominer dans tout le mouvement de création des années 40.
ALI RIAHI introduira les modes orientaux dans la chanson populaire et
créera un genre qui reste authentiquement tunisien. Un
deuxième compositeur de renom créera à la
même époque un autre genre plus tunisien encore parce que
nourri de la musique bédouine, ce sera le grand poète et
chanteur de talent, MOHAMED JAMOUSSI. Ces deux chefs de file de la
chanson tunisienne continuent encore à inspirer toute la
nouvelle génération de compositeurs tunisiens.
Bien des compositeurs des années 30 n'ont été que
des découvreurs de chansons du passé: leur rôle a
été comparable à celui d'archéologues plus
qu’à celui de compositeurs; ils ont puisé dans le
patrimoine populaire, dépoussiéré un peu et
prétendu avoir créé une nouvelle chanson. Cette
manière de s'attribuer l’œuvre d'auteurs
oubliés est encore en usage de nos jours sans que les
sociétés d'auteurs y puissent mettre un terme. Ceci nous
amène à remarquer que certaines œuvres du
passé seront éternellement d’actualité parce
qu'elles expriment les sentiments les plus profonds d'un peuple qui,
tout en étant de plain-pied avec la vie moderne, conserve de
solides attaches avec son origine bédouine.
La Tunisie change, se rénove: on abat le passé par pans
entiers pour s'ouvrir sur la vie moderne où fleurira, au soleil,
le complexe touristique bien aseptisé mais si peu
dépaysant qu'il faudra faire appel au folklore, à la
musique traditionnelle pour retenir l'attention du touriste, source des
devises si nécessaires à l'équilibre
économique d'un pays sans grandes ressources. Ce retour au
passé a été un bien pour la Tunisie; cela lui a
permis de recuillir la plus grande partie de son folklore auquel il a
été évité de disparaître grâce
à ces recueils vivants que sont les chanteurs populaires.
De cet immense répertoire, le touriste retranché dans son
ghetto doré n'aura hélas! qu'une idée des plus
limitées. De temps en temps, on lui présentera un
spectacle «typiquement tunisien» qui s'efforcera de
ressembler A ce que ce spectateur privilégié
«attend», croit-on, de la musique et de la danse
tunisiennes. Les morceaux joués seront écourtés de
peur de le lasser, des effets douteux seront recherchés pour
créer avec ce public une complicité artificielle. On
essaiera de «distraire», de faire rire, on fera au besoin,
participer des touristes à des danses; ils y feront montre de la
gaucherie que l'on peut attendre d'un étranger. La plupart du
temps, il partira avec une vue affadie, déformée,
dévoyée d'une tradition si riche et si variée. Il
est remarquable que pour l'instant la musique tunisienne n'ait pour
ainsi dire pas subi l’influence des productions commerciales
européennes ou anglo-saxonnes. Tout au plus on notera parfois
une certaine évolution vers la musique orientale moderne; mais
là, il s'agit d'un patrimoine commun à tous les pays
arabes et cela n'empêchera pas la musique tunisienne de garder
son originalité.
Sans entrer dans les détails réservés aux
musicologues avertis il nous faut préciser que la musique
traditionnelle tunisienne se présente sous trois formes
d'origine différentes: la NOUBA andalouse, c'est-à-dire
le MALOUF, les SAMAIS et les BACHRAFS d'origine turque, et la musique
populaire tunisienne ou folklore.
Il suffit d'évoquer le TABEL et la ZOKRA qui participent
à toutes les étapes de la vie du peuple pour dire toute
l'importance de ce patrimoine en Tunisie.
Le TBEL: tambour à baguette, couvert de peau de chèvre
des deux côtés; son diamètre varie entre 40
à 60 cm; il est le complice fidèle de la ZOKRA (ZORNA ou
GHAITA), sorte de clarinette ou hautbois, en bois de jujubier. En
Tunisie on ne peut rien faire sans qu'y participent le joueur de TBEL
et le joueur de ZOKRA: deux compères qui connaissent une
infinité d'airs joyeux (vieux refrains paysans aux rythmes de
fantasia ou airs citadins raffinés et subtils). Si ces
instruments ne parviennent pas toujours à exprimer les nuances
des mélodies trop délicates, qu'à cela ne tienne,
les deux compères y suppléent par leur sens de
l'improvisation, menant le jeu à tour de rôle, rattrapant
la défaillance par du souffle, par un redoublement du DOUM (ton
fort) qui rétablit la cadence, ou par une tenue tonitruante qui
permet au tambour de retrouver la mesure. Ils vont ainsi de pair,
dialoguant joyeusement à travers le quartier, leurs notes gaies
donnant à la ville un air de fête.
Le TEBEL peut accompagner parfois le MEZOUED, une sorte de cornemuse
avec deux tubes de roseau prolongés de deux cornes formant
embouchure. Mais le compagnon traditionnel du MEZOUED est le BENDIR,
tambour recouvert d'un seul côté par une peau de mouton
à laquelle on ajoute deux cordes en boyaux pour la faire vibrer.
La «jeune frère» du BENDIR est le TAR ou REQ. C'est
un petit tambourin à peau de chèvre ou de poisson; il en
existe de plusieurs dimensions et c'est l'instrument du chef
d'orchestre parce qu'il sert à décomposer les rythmes et
en donner toutes les nuances. Pour être complet en ce qui
concerne les instrument de percussion, il faut citer encore la
DERBOUKA, espèce de vase recouvert d'une peau de chèvre
ou de poisson, les NAGHARATS, deux petites timbales recouvertes de peau
de chameau et sur lesquelles on joue avec deux baguettes.
Pour accompagner les chant folkloriques, un instrument très
adapté à la voix humain domine tous les autres, la GASBA,
flûte de roseau qui peut être de longueurs
différentes, à six trous disposés de
différentes façons pour produire le plus de
tonalités possibles propres à accompagner le chant ;
chants de montagnards, placés dans les plus hautes tessitures,
chants de la plaine, très doux et très calmes, ou chants
des Bédouins qui bercent le pas nonchalant des caravanes.
Un dérivé de la GASBA: le NAI, toujours en roseau, mais
plus apte à jouer des mélodies plus savante, plus fines,
et à participer à des orchestres de musique classique
où les parties de chant choral et de solistes sont
accompagnées par des pupitres entiers d'instruments à
cordes: le KANOUN, cithare à soixante-dix huit cordes, le OUD
(luth à cinq ou six cordes), le KAMENDJA, violon alto, le REBAB
qui accompagne souvent les conteurs populaires et qui est une
espèce de violon à deux cordes en crin de cheval.
A ces instruments traditionnels sont venus s'ajouter tous les
instruments en usage dans la musique occidentale. De grands orchestres
orientaux on pu faire participer à des exécutions de
morceaux classiques l'accordéon ou le piano, mais avec le quart
de ton. Pour des œuvres de création moderne, l'orgue
électrique ou le piano tempéré sont d'un emploi
assez courant pour des parties écrites spécialement pour
ces instruments. Nous devons à. la vérité de dire
que ce mariage n'est pas contre nature quand. Pceuvre est conçue
par de vrais musiciens tunisiens ouverts sur la vie moderne.
A. Hachlef